Titre original: | Sherrybaby |
Réalisateur: | Laurie Collyer |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 95 minutes |
Date: | 24 juin 2009 |
Note: | |
A peine sortie de prison, l'ancienne toxicomane Sherry n'a qu'une envie : retrouver sa fille Alexis qui a été élevée par son frère Bobby et sa femme. Mais les circonstances de sa libération conditionnelle ne favorisent pas forcément la réinsertion de Sherry. Elle est logée dans un foyer pour anciennes taulardes et surveillée de près par l'officier Hernandez. En plus, Bobby et sa femme sont plutôt réticents à l'idée de laisser Alexis seule avec sa mère, qui a le plus grand mal à se reprendre en main.
Critique de Tootpadu
Chaque actrice ou acteur, qui dispose d'un minimum de talent ou d'ambition, a le droit de tenter sa chance pour décrocher une nomination aux Oscars, voire pour obtenir la récompense suprême du cinéma hollywoodien. C'est ainsi que l'on pourrait cataloguer l'interprétation de Maggie Gyllenhaal, qui enfonce profondément ses crocs dramatiques dans le rôle exigeant de Sherry, une toxicomane en panne de rédemption, mais à l'instinct maternel bien vivant. L'actrice, qui nous avait déjà agréablement surpris avec son jeu dans La Secrétaire de Steven Shainberg quatre ans plus tôt, se dévoile une fois de plus amplement, au propre comme au figuré, dans ce film.
Sa Sherry est une femme brisée par la drogue, qui n'avance plus que par un amour abstrait pour sa fille. Elle est le produit d'une enfance que l'on devine malheureuse, entre un père à la main baladeuse et, dès l'adolescence, une notoriété douteuse de Lolita, acquise dans des bars mal famés. Même si son corps a quitté la prison, Sherry en a gardé des réflexes sociaux de survie, susceptibles de la faire avancer auprès d'agents administratifs à la libido frustrée ou de mères tyranniques. Mais cette attitude férocement agressive ne la prédestine nullemment au rôle de mère, auquel elle aspire pourtant. Sherry est un personnage qui ne paraît jamais tout à fait à sa place. Sa force intérieure chancelante au moindre contretemps et sa banalité presque vulgaire font d'elle un rôle en or pour chaque actrice qui, comme Maggie Gyllenhaal, n'y cherche pas la noblesse dans la misère, mais l'authenticité d'une femme antipathique et prédestinée à l'échec.
Fidèle au style du cinéma américain indépendant de ces dernières années, la réalisatrice Laurie Collyer ne cherche point l'esbroufe pour dresser le portrait de cette femme en bas de l'échelle sociale. En toute sagesse, elle se contente d'indiquer seulement les affres de l'inquiétude qui perturbent constamment Sherry. Pour son premier film de fiction, elle signe ainsi une oeuvre au ton mesuré, qui ne s'érige à aucun moment en une instance morale pour juger le comportement nullement glorieux de son personnage principal en détresse.
Vu le 3 juin 2009, au Club Marbeuf, en VO
Note de Tootpadu:
Critique de Mulder
La force du cinéma américain indépendant est de pouvoir nous livrer des œuvres sans concession, qui abordent des sujets graves de plein front. Ce film nous dresse le portrait d'une jeune femme sortant de prison et mère d'une petite fille, que son frère et sa compagne ont élevé comme leur propre enfant. Tout ce film nous narre le combat de cette mère qui essaye de ne pas retomber dans l'enfer de la drogue et de l'alcool et le rapport qu'elle entretient avec les hommes de son entourage. Pour interpréter un tel personnage, il fallait une vraie actrice capable de casser son image tout en s'imposant naturellement dans ce rôle.
Maggie Gyllenhaal, après nous avoir étonné dans Cecil B. Demented, La Secrétaire et que The Dark knight Le Chevalier noir a consacré au titre d'icône personnelle, livre dans ce film une interprétation prodigieuse. Elle se livre ainsi corps et âme à son rôle et fait de Sherrybaby une œuvre marquante et un film à découvrir d'urgence. Laurie Collyer, qui nous livre ici son deuxième film, montre qu'elle maîtrise son sujet et qu'elle a fait des recherches approfondies pour que son film semble d'un réalisme à couper au couteau.
Comme d'habitude, nous nous demandons pour quelles raisons les producteurs ont mis autant de temps pour sortir ce film, alors que nos écrans abondent de films d'une nullité affligeante. On aimerait donc que ce type de film soit plus présent sur nos écrans pour remonter la qualité de l'ensemble des œuvres projetées. C'est ce type de film américain que nous espérons découvrir lors du festival du cinéma américain de Deauville en septembre prochain.
Ma note tient donc compte de mon coup de cœur et du fait que Maggie Gyllenhaal tient sur ses épaules ce petit film indépendant.
Vu le 3 juin 2009, au Club Marbeuf, en VO
Note de Mulder: