Coco avant Chanel

Coco avant Chanel
Titre original:Coco avant Chanel
Réalisateur:Anne Fontaine
Sortie:Cinéma
Durée:110 minutes
Date:22 avril 2009
Note:
Placée avec sa soeur aînée Adrienne par son père forain dans un orphelinat, la jeune Gabrielle Chanel rêve de faire carrière à Paris. Mais ni ses talents de couturière, ni les chansons avec lesquelles elle se produit dans des bars de province aux côtés de sa soeur l'y emmènent. Elle y va quand même et s'installe à Compiègne, chez Etienne Balsan, un aristocrate blasé et éleveur de chevaux, qui l'appelle affectueusement Coco. Mais l'existence de courtisane d'Etienne finit par la lasser et elle cherche un travail, en vain. Jusqu'à ce qu'elle rencontre au château de son amant Boy Capel, un riche et séduisant homme d'affaires anglais, dont elle tombe éperdument amoureuse.

Critique de Tootpadu

Ce dixième film de la réalisatrice Anne Fontaine n'a pas uniquement pris de l'avance sur Coco Chanel & Igor Stravinsky de Jan Kounen, dont la date de sortie se fait toujours attendre. Il a également mis la barre relativement haut pour évoquer en termes cinématographiques cette icône française qu'était Coco Chanel. L'existence de ce monstre sacré de la mode paraît si difficile à saisir et légendaire dans l'imaginaire collectif, que même deux films ne suffiront sans doute pas pour lui rendre justice. Du coup, Anne Fontaine a opté pour une évocation partielle de cette vie hors normes. Par prévoyance ou par modestie, qui sait ? Toujours est-il que sa Coco avant Chanel évite avec élégance certains des poncifs préjudiciables, qui accablent souvent les biographies filmiques.
Le fait de se concentrer exclusivement sur les jeunes années de Coco Chanel, avant qu'elle n'accède à la gloire à proprement parler, laisse en effet au film le temps de nous présenter un côté passablement plus accessible du personnage. On apprend alors que si l'ambition était inhérente au caractère de Gabrielle Chanel depuis son enfance, la création de chapeaux d'abord, et de robes ensuite, n'était finalement qu'un moyen détourné pour gagner son autonomie. Le portrait d'une femme obstinée et pas encore visionnaire ne prend ainsi guère la forme d'une hagiographie. Il s'apparente davantage à une chasse plaisante aux indices de la grandeur à venir. Ces derniers se font cependant si rares et discrets, qu'il devient presque difficile de faire le rapprochement entre la menteuse et profiteuse de ses débuts et la femme émancipée et modèle pour toutes du reste de sa vie.
Tous les éléments du film participent néanmoins à une impression globale de soin et de qualité. Sans révolutionner le genre, Anne Fontaine se l'approprie avec adresse pour aboutir à un film tout à fait solide. Son pari le plus payant pourrait même être l'emploi d'Audrey Tautou dans une interprétation du rôle, qui s'éloigne agréablement des personnages proprets, voire naïfs, qu'elle a l'habitude de jouer. Car l'actrice occupe bel et bien le centre rayonnant du film, où elle ne laisse que peu de place à ses comparses prestigieux.

Vu le 2 juin 2009, à l'UGC Ciné Cité Bercy, Salle 24

Note de Tootpadu: