Looking for Eric

Looking for Eric
Titre original:Looking for Eric
Réalisateur:Ken Loach
Sortie:Cinéma
Durée:117 minutes
Date:27 mai 2009
Note:
Le facteur Eric Bishop a quitté Lily, l'amour de sa vie, peu de temps après la naissance de leur fille Sam, il y a plus de vingt ans. Même s'il s'est remarié depuis et qu'il a toujours la garde de ses deux beaux-fils adolescents Ryan et Jess, Eric ne se pardonne pas d'avoir aussi lâchement abandonné Lily. Il perd encore plus confiance, lorsque Sam, dont il garde de temps en temps le bébé pendant qu'elle finit ses études, lui apprend que Lily ne paraît éprouver désormais qu'une indifférence totale à son égard. Seul son idole de toujours, le footballeur légendaire de Manchester United Eric Cantona peut sortir Eric de sa déprime.

Critique de Tootpadu

Dresser un portrait aussi fidèle que possible des souches défavorisées de la société anglaise a depuis le début été la préoccupation principale dans l'oeuvre de Ken Loach. Le maître européen ès drames sociaux fournit depuis des décennies une scène quasiment exclusive au théâtre rude, déplaisant et profondément humain des laissés-pour-compte du cinéma d'évasion. La seule source de réconfort pour ses personnages, malmenés par la vie et ses vacheries, se trouve dans leur détermination altruiste ou le soutien d'un tissu social, pas encore entièrement dissous par l'individualisme et le matérialisme rampants, qui caractérisent notre époque. Autant dire que Ken Loach est un idéaliste, qui ne se fait pourtant point d'illusions sur l'avenir morose de son pays et des hommes et femmes simples qui cherchent vainement à y trouver leur bonheur, aussi modeste soit-il.
Avec son neuvième film présenté en compétition au festival de Cannes, le réalisateur anglais s'écarte quelque peu de la voie du conte social avant tout redevable au réalisme filmique. Une étincelle fantastique fait son entrée dans l'univers de Ken Loach, en la personne du héros d'une certaine classe ouvrière et fan de foot, Eric Cantona. Seulement, les conseils que l'ami imaginaire dispense dans un franglais nébuleux à l'autre Eric de l'histoire servent au mieux de béquille à la reprise en main inopinée d'un jeune vieillard, en perte inquiétante de vitesse. Le précepte de Loach, selon lequel l'adversité sociale peut être vaincue grâce à un volontarisme humaniste, est sauf, puisque son personnage principal s'en sort par ses propres moyens. Les conversations philosophiques avec son idole lui permettent surtout de focaliser sa pensée et d'envisager la vie dans un état d'esprit timidement optimiste. C'est la force de l'imagination, un refuge psychologique accessible même à l'individu le plus pauvre sur Terre, qui le sauve.
En dehors de cet aspect gentiment fantastique, Looking for Eric nous subjugue par l'acuité de son observation sociale. Sans la moindre méchanceté, Loach retranscrit avec une authenticité confondante toute une palette de contextes sociaux. Que ce soit l'incapacité de communiquer entre Eric et ses beaux-fils rebelles, la camaraderie populiste entre les collègues postiers, la soumission résignée au pouvoir des criminels appuyé par de la violence brute, ou bien l'action destructrice et sans discernement des forces de l'ordre, les exemples ne manquent pas pour souligner le talent exceptionnel de Ken Loach, affiné tout au long d'une carrière substantielle, dans l'évocation sans fard et par conséquent profondément touchante de la banalité, parfois injuste, de la vie.

Vu le 1er juin 2009, au Max Linder, en VO

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

Ken Loach est sûrement l'un des plus grands réalisateurs britanniques. La plupart de ces films sont des œuvres indépendantes forgées sur sa vision de la classe moyenne anglaise. Classe dont ce réalisateur fait partie et qu'il revendique amplement. Pour beaucoup de spectateurs, Ken Loach est classé parmi ses réalisateurs jugés "intellectuels" et voir ses films, hormis en DVD, relève d'un véritable défi à chaque fois. Cette fois-ci, son film est cependant sorti sur l'un des écrans de notre complexe Gaumont de Disney village. La raison de cette sortie sur une quantité élevée de salles vient de la présence en rôle principal de l'un des plus grands joueurs de football. Non seulement Eric Cantona fut un professionnel sportif. Mais le fait qu'il tente depuis quelques années de percer en qualité d'acteur dans des films plus ou moins réussis ne laissait pas prédire une telle interprétation.

Certes, Cantona joue son propre rôle dans ce film mais il l'idéalise totalement. Nous assistons donc à la remise en question d'un homme rongé par les échecs de sa vie et qui va retrouver confiance en lui via la présence de cet ange gardien invisible. La fraicheur de ce film intimiste, la puissance des dialogues travaillés en profondeur, le jeu très inspiré des acteurs font qu'il est une réussite totale !

Rarement nous avons autant ri devant un film et en même temps avons été touché par ce père de famille faisant tout pour défendre ses enfants au risque d'y perdre la vie. La vengeance finale montre que le fait d'avoir des soucis importants peut être résolu uniquement en étant défendu par ses proches. La moralité de ce film veut que c'est en partageant les qualités propres à chacun que nous pouvons améliorer ce monde.

Un grand moment de cinéma, et un grand film à voir et à revoir en DVD !

Vu le 30 mai 2009, au Gaumont Disney Village, en VF

Note de Mulder: