
Titre original: | Jusqu'en enfer |
Réalisateur: | Sam Raimi |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 99 minutes |
Date: | 27 mai 2009 |
Note: | |
Christine Brown, une fille de fermier peu fière de ses origines, vise le poste d'assistant du directeur dans la banque où elle travaille dans la gestion des prêts. En concurrence directe avec Stu Rubin, un nouveau collègue ambitieux, Christine se fait reprocher par son patron qu'elle est trop gentille et incapable de prendre des décisions difficiles. Afin de montrer sa détermination, Christine refuse une prolongation de prêt à la vieille Mme Ganush. La vieille gitane lui jette alors un sort, qui convoquera dans trois jours l'esprit des ténèbres Lamia, désireux d'emporter son âme en enfer.
Critique de Tootpadu
Après s'être essayé au fil des ans à un florilège de genres, avec un succès fort variable, Sam Raimi délaisse l'univers réducteur de l'homme-araignée pour revenir à son premier amour : le film d'horreur. Avec Jusqu'en enfer, il ne fait cependant pas appel aux mêmes références que celles qui rendaient la trilogie d'Evil dead aussi jouissive. Le film de zombie à petit budget, version George A. Romero, a laissé la place ici aux films d'horreur plus classiques, produits à partir des années 1950. Dès le vieux logo de Universal qui ouvre le film, et dont on trouve une variation tout aussi démodée à la fin, le ton est donné pour des frissons à l'ancienne. Sauf que la démarche de citation de Sam Raimi s'inscrit dans un hommage bien plus ample, qui multiplie les effets et les pistes narratives, jusqu'à ressembler principalement aux oeuvres de notre jeunesse et des débuts de la carrière du réalisateur, c'est-à-dire les années 1980.
Le scénario ne se contente cependant pas de ressusciter exclusivement des démons du passé. En dehors d'un côté franchement comique, qui s'adonne à des jeux malicieux et fortement ironiques avec nos nerfs, l'histoire se distingue par un groupe de personnages, qui dépassent sans peine leur statut initial de caricatures ambulantes. Le copain un peu trop serviable, le médium instruit, le concurrent fourbe, et avant tout l'héroïne blonde et naïve : ils nous cachent tous un aspect de leur personnalité qui risque de faire dérailler le mécanisme bien huilé de l'intrigue. Qu'ils manquent finalement de peu d'apporter une véritable richesse et profondeur au récit, cela compte sans doute parmi les limitations les plus frustrantes du film.
Car le déchaînement des effets sonores dans un premier temps et de leurs équivalents visuels, plus ou moins dégoûtants et réussis, par la suite aplatit un peu trop les ambitions de ce film plaisant. Avant même que la conclusion peu logique ne rabaisse Jusqu'en enfer au niveau d'un film d'horreur passablement bancal, ses excès de ton et sa structure narrative plutôt décousue ont déjà sensiblement dilué l'hommage irrévérencieux que Sam Raimi comptait rendre aux séries B de son enfance.
Vu le 1er juin 2009, à l'UGC Ciné Cité La Défense, Salle 6, en VO
Note de Tootpadu:
Critique de Mulder
Dans les années 1980, par l'intermédiaire de mon meilleur ami, je découvrais un petit film d'horreur qui allait rester longtemps comme un monument du genre. Je me souviens encore avoir vu ce film chez lui un après-midi pratiquement en cachette, nous n'avions alors pas encore douze ans. Ce film s'appelait Evil Dead et allait faire en sorte que je sois un mordu de cinéma d'horreur et de cinéma fantastique. Ce genre, que beaucoup qualifient de mineur, ne souffre à mes yeux de passionné d'aucune carence. Au contraire, de grands réalisateurs comme Brian De Palma, James Cameron, Joe Dante, John Carpenter, Peter Jackson, David Lynch, et Guillermo Del Toro ont commencé à se faire la main sur des films d'horreur.
De film en film, Sam Raimi a su s'imposer comme étant un réalisateur surdoué, sa fameuse façon de filmer (le plan final de Evil Dead est l'un des plus marquants de l'histoire du cinéma, au même titre que Star Wars changea à jamais le monde des effets spéciaux) fit de lui le fer de lance et le réalisateur culte de toute une génération de réalisateurs. Il n'y a qu'à voir les A l'intérieur, Haute tension, etc. pour s'en convaincre. Sam Raimi se fit respecter par sa trilogie cultissime de Spider-man où les effets spéciaux, le scénario, la musique, et le jeu des acteurs sont des plus imposants possible.
Sam Raimi souhaitait depuis longtemps revenir à son genre de prédilection. Il continuait par ailleurs à financer en qualité de producteur une multitude de petits films d'horreur. Avec son jeune frère Iva, il décida alors de se remettre au travail. Il écrivit un scénario rendant hommage aux films d'horreur culte des années 1980 qu'il décida de réaliser afin de ne pas voir son script dénaturé et modifié par un réalisateur acquis aux conditions des grands studios (les dits "Yes men"). Non seulement le scénario, la production, et la réalisation lui reviennent donc, mais en plus, il a su imposer son casting : Alison Lohman, Justin Long, Lorna Raver.
Ce film est une réussite totale, car pendant toute la durée le spectateur tremble réellement sur son fauteuil, sursaute, prend part à l'action et subit en même temps que le personnage de Christine les effets de cette malédiction. A disséquer ce film, nous avons l'impression très rare d'assister à la projection d'un film culte et jouissif au possible. La tension va de crescendo en crescendo et jusqu'à la dernière note de ce film, nous avons peur, réellement peur. On est donc loin de cette nouvelle génération de films d'horreur reposant que sur des supplices de plus en plus horribles, comme la scène de la baignoire dans Hostel 2, mais ignorant totalement que le spectateur préfère avoir peur que d'assister à un festival de tripailles.
La grande force de ce film vient du fait que Sam Raimi à ici les mains libres de nouveau pour aller jusqu'au bout de ses idées. Ce film représente un petit budget, comparé à celui des Spider-man. Le fait de retrouver l'un des meilleurs réalisateurs américains en plein forme est une chose rare actuellement. Celui d'assister à un excellent film d'horreur encore plus rare. Nous ne saurons donc vous conseiller de ne pas rater ce film en DVD en espérant que ce support permettra d'avoir un maximum de bonus pour nous replonger dans ce pur chef-d'oeuvre !
En 1979, John Carpenter nous montrait l'horreur à l'état pur dans le classique absolu Halloween. En 2009, Sam Raimi reprend le flambeau et s'impose comme un des maitres de l'horreur ! Vivement Evil dead 4, si ce réalisateur continue dans cette direction artistique !
Vu le 29 mai 2009, au Gaumont Disney Village, Salle 1, en VF
Note de Mulder: