
Titre original: | Prédictions |
Réalisateur: | Alex Proyas |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 121 minutes |
Date: | 01 avril 2009 |
Note: | |
En 1958, la jeune Lucinda Embry laisse une suite incohérente de chiffres dans une capsule temporelle, qui est enterrée lors de l'inauguration de son collège. Cinquante ans plus tard, les dessins et autres visions du futur des élèves de l'époque sont remontés à la surface et distribués à leurs successeurs. Le jeune Caleb obtient la feuille énigmatique de Lucinda. Mais lorsque son père John, veuf depuis quelques mois et professeur de statistiques au MIT, s'intéresse par hasard de près à ce code mystérieux, il fait une découverte effrayante : toutes les catastrophes majeures du demi-siècle passé y figurent, avec l'indication exacte du jour et du nombre des victimes. Seules trois dates sur la liste n'ont pas encore eu lieu, et John entame alors une course contre la montre pour empêcher ces morts inutiles et pour comprendre pourquoi cette révélation lui a été faite.
Critique de Tootpadu
Notre cher confrère Mulder se plaint souvent que tel ou tel cinéma soit en crise. Nous appliquerions volontiers ce constat amer au cinéma fantastique américain en général, et aux films d'anticipation en particulier, qui nous sortent des histoires de plus en plus aberrantes, sous prétexte de mettre en danger l'humanité entière dans un feu d'artifice d'effets spéciaux spectaculaires. Ce genre évolue désormais en dehors de toute notion de réalité ou de rapport direct avec l'humanité, dans une bulle étanche à l'intérieur de laquelle les mêmes processus scénaristiques sans tête, ni queue, se répètent à l'infini. Les oiellères avec lesquelles la plupart des films fantastiques américains sont équipés depuis bien trop longtemps ne permettent plus la moindre intervention de la raison ou au moins de l'innovation formelle. Tout n'est qu'application paresseuse de formules éprouvées jusqu'à la nausée.
Cet énième film sur la fin du monde n'est qu'un autre exemple pitoyable du piètre état dans lequel se trouve le genre actuellement. Pour maintenir à flot l'histoire aussi abracadabrante que niaise, le scénario a en effet recours au deus ex machina fort utile du hasard, à moins de s'engager dans des délires d'incongruité involontairement risibles. Longtemps avant que le récit ne s'engouffre dans une longue conclusion navrante, qui culmine dans une danse joyeuse et indigeste par son caractère artificiel autour de l'arbre de la vie, l'agitation décousue de John ne nous intéresse déjà plus.
Mais le scénario n'est pas seul en cause dans la débâcle généralisée que représente Prédictions. La mise en scène d'Alex Proyas paraît particulièrement enclin à l'idolâtrie de la laideur esthétique, tellement son film est déplaisant à regarder, avec ses tons sombres et ses couleurs indéfinissables, à l'exception notable de la fournaise finale qui dure au mieux trente secondes. De même, le rythme de la narration est largement défaillant, avec une seule séquence réussie (le métro) contre d'innombrables moments d'un manque de rigueur pénible. Surtout vers la fin, lorsque le comportement désinvolte du protagoniste semble le protéger miraculeusement contre le déferlement de la catastrophe, mise en suspens jusqu'à ce que John puisse revenir à son point de chute, sur quelques mesures de Beethoven employées sans la moindre finesse, la structure narrative se désagrège avec fracas devant nos yeux.
A film pompeux et ennuyeux, un héros qui ne l'est pas moins. Depuis des années, nous n'espérons plus que Nicolas Cage nous surprendra un jour lointain avec un bon film d'action. Toujours aussi mauvais, prévisible, voire parfois risible, cet acteur autrefois prometteur reste fidèle à lui-même, c'est-à-dire confortablement installé au fin fond de ce que le cinéma d'action a de pire à offrir et où Cage devrait côtoyer Steven Segal et d'autres vedettes défroquées des années 1990. Sauf qu'inexplicablement, les producteurs continuent à lui financer une bouse cinématographique après l'autre, au grand dam d'un public un minimum exigeant !
Vu le 10 avril 2009, à l'UGC Ciné Cité Bercy, Salle 31, en VO
Note de Tootpadu: