Enquête (L')

Enquête (L')
Titre original:Enquête (L')
Réalisateur:Tom Tykwer
Sortie:Cinéma
Durée:118 minutes
Date:11 mars 2009
Note:
L'agent d'Interpol Louis Salinger tente depuis des années de mettre un terme aux agissements illicites de la banque luxembourgeoise International Bank of Business and Credit, spécialisée dans le blanchiment d'argent sale de la mafia. Il pense être proche du but, lorsque le procureur de Manhattan épaule son enquête et entre en contact avec un haut responsable de l'établissement financier, qui serait prêt à collaborer. Mais Schumer, venu en renfort de New York, est assassiné à Berlin devant les yeux de Salinger, après une première prise de contact avec l'informateur potentiel. L'agent britannique fait alors équipe avec Eleanor Whitman, la remplaçante de Schumer, pour empêcher la conclusion d'un important contrat de missiles, qui renforcerait encore l'influence de la banque véreuse.

Critique de Tootpadu

Let's make money et L'Enquête, deux films qui cherchent à refléter avec des moyens diamétralement opposés le même fléau qui accable l'humanité : la mainmise de la haute finance sur le fonctionnement de notre civilisation. Le documentaire et la fiction dressent des portraits semblables dans leur évocation lugubre de l'impuissance de l'individu, face à la toute-puissance et à l'omniprésence d'un système profondément pourri. La conclusion défaitiste d'Erwin Wagenhofer se retrouve en quelque sorte dans le monologue du colonel Wexler, qui ne se fait guère d'illusions sur l'issue de la quête naïve de justice menée par Salinger. Dans le cas de la fiction, les rois du crime s'en prennent dans les fils de leur propre machination et sont éliminés dans le cadre d'une opération de nettoyage interne, sans que le statu quo n'évolue. Leur sort dans la réalité ne correspond par contre guère à ce semblant de justice faussement rassurant.
Le plus grand dilemme de ce thriller autrement plutôt solide, c'est qu'il s'efforce de satisfaire les exigences d'un film d'espionnage à haut vol, avec des fusillades et des courses poursuites spectaculaires, tout en représentant d'une manière crédible le milieu impitoyable de la guerre économique sous tous ses aspects. Le côté "divertissement explosif" est assez réussi, notamment grâce à un affrontement musclé dans un musée Guggenheim forcément reconstitué, qui finit criblé d'impacts de balles. Et même si les éminences grises du grand trafic de l'argent mènent ici une existence sans doute plus palpitante que leur quotidien réel, fait de tractations et de réunions interminables, leur détermination et leur sang froid relatif sont les marques certaines des prédateurs économiques. Seul le lien supposé entre ces deux univers exclusifs peine à convaincre, puisque les méthodes d'enquête trop approximatives et guidées par le hasard des deux têtes d'affiche n'en font guère des adversaires redoutables.
Traversant à une vitesse élevée de nombreux décors en Europe et en Amérique, le récit de Tom Tykwer tient raisonnablement bien la route. Bien qu'elles aient parfois tendance à s'éparpiller, l'histoire et la mise en scène évitent adroitement la tentation de l'euro-pudding, à laquelle la distribution et l'équipe internationales l'auraient pourtant pu prédestiner. La narration fait au contraire preuve d'une sobriété presque terne, qui correspond parfaitement au sentiment d'impuissance contre lequel se débat l'agent Salinger.

Vu le 7 avril 2009, à l'UGC Ciné Cité Bercy, Salle 16, en VO

Note de Tootpadu: