Boy A

Boy A
Titre original:Boy A
Réalisateur:John Crowley
Sortie:Cinéma
Durée:106 minutes
Date:25 février 2009
Note:
Après avoir purgé une longue peine de prison pour un crime abominable qu'il a commis lorsqu'il était encore un enfant, Eric Wilson est remis en liberté avec la plus grande discrétion. Il change de nom et sous l'identité de Jack Burridge, il s'installe à Manchester avec l'aide de son conseiller Terry. Tout va bien au début, puisque Jack trouve un travail comme livreur et qu'il sort avec sa collègue Michelle. Mais le passé finit par le rattraper, à cause de son secret trop lourd pour rester caché indéfiniment.

Critique de Tootpadu

Ce téléfilm anglais, qui a suffisamment attiré l'attention aux différents festivals où il fut présenté pour sortir sur grand écran en France, est un conte désespérant sur la culpabilité subjective et objective. Hanté par le souvenir de l'acte atroce qui a détruit sa vie quand il était jeune, Jack n'arrive jamais à se convaincre qu'il mérite tout le bien qui lui arrive dans sa nouvelle vie, apparemment affranchie des conséquences de son crime. Il ne croit pas être en mesure d'assumer cette nouvelle chance, qui semble le prédestiner à une existence banale et insouciante. Mais bien sûr, le bonheur fragile n'est que de courte durée, puisque l'opinion publique ne manque pas d'anéantir les quelques faveurs qu'il s'est amassées depuis sa sortie de prison.
Conscient du dilemme moral que constitue le pardon sous forme de liberté conditionnelle pour un assassin, quel qu'il soit, Boy A tire une force considérable de l'opposition entre la bonne volonté presqu'angélique de Jack et la cruauté d'Eric. Poussant cette contradiction inextricable jusqu'à son titre, qui désigne Jack comme une entité juridique et indirectement comme une bête sauvage abstraite contre laquelle la haine de la plèbe peut se déchaîner, le film joue adroitement sur cette dualité sans solution toute faite. La narration se base largement sur un va-et-vient entre la rédemption sociale de Jack, remplie d'optimisme, et le parcours d'Eric vers le crime, qui nous laisse appréhender une scène atroce pendant une heure. Toutefois, le réalisateur John Crowley sait bien qu'il ne faut pas absolument tout montrer pour obtenir un résultat choquant. Ainsi, l'ellipse du meurtre correspond au souhait le plus profond de Jack de ne plus devoir y faire face jusqu'à la fin de sa vie. Une volonté qui s'avère hélas en fin de compte aussi illusoire que sa tentative bien intentionnée de réinsertion sociale.
Visuellement parlant, Jack ne quitte jamais réellement la prison. Serrés de près ou situés dans des intérieurs exigus, les plans du chef-opérateur Rob Hardy renforcent une sensation oppressante d'enfermement, qui présage la conclusion tragique. Et la mise en scène maîtrisée de John Crowley ne se permet pas le moindre jugement moral sur une intrigue, qui mettra la conscience de chaque spectateur réceptif à l'épreuve.
Enfin, Andrew Garfield apporte beaucoup de sensibilité et d'insécurité à son rôle exigeant. Tel un jeune Anthony Perkins, il transmet un sentiment de malaise et d'incrédulité permanents, qui rendent son combat pour une seconde chance encore plus attachant. Peter Mullan interprète le conseiller paternel avec l'intensité et la sincérité faillibles, qui distinguent les meilleurs films dans lesquels il apparaît.

Vu le 22 mars 2009, au Majestic Bastille, Salle 1, en VO

Note de Tootpadu: