
Titre original: | Razzia sur la chnouf |
Réalisateur: | Henri Decoin |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 105 minutes |
Date: | 07 avril 1955 |
Note: | |
Henri Ferré, dit "Le Nantais", revient en France, après avoir acquis une réputation de caïd redoutable aux Etats-Unis. A Paris, il est désormais sous les ordres de Paul Liski, qui aimerait que Ferré applique les mêmes règles strictes qu'en Amérique pour raviver le marché local de la drogue. Pour cela, Ferré ouvre un restaurant comme façade pour calmer les ardeurs de la police et il se fait introduire dans tous les niveaux de la procuration et de la vente de l'or blanc ou noir.
Critique de Tootpadu
L'image de Jean Gabin, encore aujourd'hui l'un des acteurs français les plus populaires, plane sur ce film de gangster avec une telle persistance, que la véritable identité de son personnage n'est plus un mystère depuis longtemps au moment des révélations finales. Gabin et ce qu'il représente sont indissociables à ce stade de sa carrière de cette bonhomie paternelle, qu'il allait trimballer avec lui jusqu'à la fin de ses jours et dans la plupart de ses films ultérieurs. Gabin ne peut être que bon, prévenant et droit dans son humanité, même dans un contexte aussi douteux que le milieu de la drogue.
Par ailleurs, l'objectif principal du film paraît être la mise en garde, avec un texte explicatif en guise de prologue à l'appui, contre les conséquences néfastes du marché de la dépendance. Nombreuses sont en effet les descentes dans l'enfer de la toxicomanie, qui donnent en spectacle, au lieu de leur venir moralement en aide, les drogués de toutes sortes. Sans surprise et tout à fait en accord avec les normes sociales rétrogrades de l'époque, des individus marginaux, comme les homosexuels et les Noirs, sont les premières victimes de la cocaïne, de l'opium, et d'autres mirages d'une vie meilleure, ainsi que du ton assez condescendant du film. Son ambition pédagogique, de montrer une à une et dans la logique du trafic les différentes filières de la drogue, n'atténue en rien ce conformisme facile, qui remplace platement une originalité scénaristique quelconque.
Car une fois de plus, Henri Decoin filme son intrigue sans la moindre inventivité narrative ou visuelle. Il façonne de la sorte un polar populaire et entièrement interchangeable, si ce n'était pour quelques interprétations remarquables, comme Lila Kedrova en fournisseuse au bout du rouleau, et la deuxième apparition de Lino Ventura, après le clairement plus consistant Touchez pas au grisbi de Jacques Becker.
Vu le 21 mars 2009, au Publicis Cinémas, Salle 1
Note de Tootpadu: