Times of Harvey Milk (The)

Titre original: | Times of Harvey Milk (The) |
Réalisateur: | Robert Epstein |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 84 minutes |
Date: | 04 mars 2009 |
Note: | |
En 1972, Harvey Milk, alors âgé de 42 ans et ouvertement homosexuel, s'installe à San Francisco, pour y ouvrir un magasin d'appareils photos dans le quartier de Castro. Très engagé dans la vie communautaire gaie et lesbienne, Milk adopte rapidement le surnom de "maire de Castro Street", tout en se présentant à trois reprises, avec un succès grandissant mais sans être élu, à différents postes de la politique locale. En 1977, grâce à un changement du mode de scrutin, Milk est élu conseiller municipal du 5ème district de San Francisco. Il s'engage alors, aux côtés du maire progressiste George Moscone, pour les droits des minorités au niveau municipal et fédéral. Le 27 novembre 1978, Harvey Milk et George Moscone sont assassinés par Dan White, un conseiller municipal qui avait démissionné peu de temps auparavant et qui espérait retrouver son mandat.
Critique de Tootpadu
Mieux vaut tard que jamais pour la sortie en salles en France de ce documentaire poignant, oscarisé en 1985, qui profite de l'opportunité de l'engouement médiatique pour la fiction de Gus Van Sant sur le même sujet, pour se faire projeter en vidéo et en catimini dans deux cinémas du quartier gay de Paris ! Et pourtant, The Times of Harvey Milk représente une entrée parfaite en la matière, le genre de source précieuse et informative à partir de laquelle il sera plus aisé d'apprécier ou, au contraire, de dénigrer le film Harvey Milk. Car même trente ans après les faits et un quart de siècle après sa production, ce documentaire retrace la vie tumultueuse de cette icône de la communauté gaie et lesbienne américaine sans emphase, mais avec une économie et une précision des moyens qui force le respect !
Il aurait en effet été facile de dresser un portrait hagiographique de Harvey Milk et d'encenser outre mesure ses accomplissement à une époque, où le fait de vivre ouvertement son homosexualité était beaucoup plus risqué que de nos jours. Le réalisateur Robert Epstein prend heureusement une route différente, celle du plongeon réfléchi et savamment orchestré dans une époque, qui devait déjà sembler s'éloigner sensiblement au milieu des années 1980s et qui appartient définitivement à l'Histoire à la fin des années 2000s. Ce regard rétrospectif du documentaire, encore accentué par le retard considérable de sa sortie en France, permet de mieux cerner la véritable influence, ainsi que l'héritage symbolique ou concret de Harvey Milk.
La lutte pour l'égalité des droits des gays et lesbiennes n'est nullement terminée, notamment en termes de droit à l'adoption et de mariage. Mais ce que Harvey Milk a accompli, avant l'épidémie du sida et peut-être aussi en tant que fruit de son temps subversif et optimiste, figure toujours comme une étincelle magnifique, qui a permis, parmi d'autres éléments perturbateurs, de mettre le feu aux poudres d'un ordre moral et social discriminatoire et rétrograde. Ce rôle de précurseur incarné par Harvey Milk, qui a encore gagné en valeur symbolique par sa mort violente et tragique, ce documentaire remarquable l'évoque avec sincérité et sobriété, sans laisser de côté non plus le caractère profondément humain, et donc faillible, de cet homme d'exception.
Vu le 12 mars 2009, au Latina, Salle 2, en VO
Note de Tootpadu: