Une famille brésilienne

Une famille brésilienne
Titre original:Une famille brésilienne
Réalisateur:Walter Salles, Daniela Thomas
Sortie:Cinéma
Durée:113 minutes
Date:18 mars 2009
Note:
A São Paulo, Cleuza élève seule ses quatre fils, tous de pères différents. Alors qu'elle est enceinte de son cinquième enfant, toujours sans père à la maison, elle continue à faire le ménage chez une femme des quartiers aisés de la ville. Denis, l'aîné, ne gagne pas encore assez d'argent en tant que coursier pour rembourser le crédit de son scooter et payer les pensions pour son propre fils. Dinho est le seul à aider financièrement sa mère et s'investit dans une église evangélique. Dario rêve d'une carrière de footballeur, mais à tout juste dix-huit ans, il est désormais trop vieux pour participer aux tests de sélection des clubs des divisions inférieures. Et le plus jeune, Reginaldo, espère trouver son père parmi les chauffeurs de bus.

Critique de Tootpadu

Quel drôle de drame familial que ce lauréat du prix d'interprétation féminine au dernier festival de Cannes ! Au fil des mois, le scénario se préoccupe essentiellement du parcours individuel de chacun des fils vers un bonheur illusoire, qui les arracherait de leur condition sociale misérable, mais pas désespérée. Ce qui unit les membres de la famille, c'est leur poursuite d'un idéal matériel ou spirituel, et non pas la traversée d'épreuves collectives. Comme pour mieux souligner cette structure familiale scélorsée, les réalisateurs Walter Salles et Daniela Thomas ne s'attardent guère sur les parties communes du pavillon familial modeste. Ils s'immiscent encore moins dans l'intimité de chacun dans ce cadre exigu, à une séquence de masturbation près, qui équivaut au début de la déchéance spirituelle de Dinho.
L'action de ce film engageant se passe surtout à l'extérieur, à travers les tentatives des frères et de la mère de maintenir leur statut social dans un contexte hostile ou de l'améliorer par des moyens pas toujours très légaux. En laissant passer en revue quelques milieux typiques du Brésil contemporain, tels les légions de jeunes qui rêvent d'une carrière dans le foot ou les voleurs à la tire sans scrupule, les réalisateurs prennent le risque de tomber dans le conte exotique à base de clichés convenus. Sauf que ces environnements tout à fait reconnaissables servent à rendre la violence avec laquelle les jeunes s'y cassent les dents, pour une seconde de gloire ou une poignée de réaux, d'autant plus éprouvante.
La structure chorale même d'Une famille brésilienne, qui procède un peu trop souvent à la mise en parallèle des différents événements semblables, rend la distinction d'une interprétation en particulier plutôt difficile. Bien que Sandra Corveloni soit très convaincante dans son rôle de la mère imperturbable et pourtant dépassée, la même chose est vraie pour chacun des jeunes comédiens qui donnent vie, avec beaucoup de sincérité, aux frères. Comment expliquer alors son prix cannois pour un rôle qui est relativement secondaire ? Peut-être par le fait que Cleuza est au coeur du film, comme la figure maternelle par excellence, aimante mais faillible, qui transparaît avant tout lors des plus grands moments de faiblesse de sa progéniture.

Vu le 9 mars 2009, au Club de l'Etoile, en VO

Note de Tootpadu: