Vicky Cristina Barcelona

Vicky Cristina Barcelona
Titre original:Vicky Cristina Barcelona
Réalisateur:Woody Allen
Sortie:Cinéma
Durée:93 minutes
Date:08 octobre 2008
Note:
Les deux amies Vicky et Cristina se rendent en Espagne, à Barcelone, pour y passer l'été. Alors que Vicky se prépare pour soutenir sa thèse sur l'identité catalane, Cristina veut oublier l'expérience insatisfaisante de la production de son premier court-métrage. En termes romantiques, les deux Américaines ont des avis diamétralement opposés, puisque Vicky compte bien se marier avec son fiancé gentil mais ennuyeux, tandis que Cristina a besoin d'amour et de passion pour s'engager ne serait-ce que de manière passagère. Lorsque Juan Antonio, un peintre à la réputation sulfureuse, les invite à l'accompagner pour un week-end romantique à Oviedo, les deux amies acceptent cette proposition intéressée avec plus ou moins d'enthousiasme.

Critique de Tootpadu

Woody Allen continue de faire le touriste. Après avoir quitté son bercail de New York, auquel il était resté fidèle pendant presque trente ans, pour Londres, il continue son périple européen en faisant escale dans le décor ensoleillé de l'Espagne. Le réalisateur ne cherche point à nier sa position de touriste. Il la sublime même en adoptant le point de vue de l'étranger, qui n'a d'autre préoccupation que de voir un maximum de sites et de rentrer chez lui, au charme feutré de sa vie rangée, après quelques escapades sexuelles et sentimentales pendant l'été. Vicky Cristina Barcelona déborde par conséquent de couleurs chaudes et de passions torrides, sans pour autant déranger l'ordre établi de tout film de Woody Allen et sans se moquer outre mesure non plus de la vision américaine de l'étranger, comme le faisait par exemple Sofia Coppola dans son Lost in translation cynique.
Le maître de la névrose au cinéma reste entièrement fidèle à lui-même, peu importe le contexte culturel. Notamment présent par le biais d'une voix off intrusive, qui explicite assez lourdement ce que l'on voit de toute façon à l'image, Allen se manifeste également en tant qu'orchestrateur malicieux d'une valse des désirs jamais tout à fait assouvis. Bien que Vicky soit clairement le personnage le plus engoncé par ses exigences morales - qui ne correspondent bien sûr jamais à ce que son coeur lui dicte -, on retrouve cette même insatisfaction existentielle chez les autres. A l'exception notable des matérialistes mondains, qu'ils s'appellent Doug ou Mark, qui paraissent déjà avoir sacrifié leurs pulsations vitales au profit d'une partie de golf ou d'un écran plasma. En quelque sorte, le film conte la lutte finalement désespérée de Vicky pour échapper à ce destin ennuyeux et tout tracé, avec en filigrane la variante de Cristina, qui ne sort guère plus comblée de ses affaires estivales.
Toujours un rassembleur hors pair d'acteurs, Woody Allen excelle en plus ici dans la révélation de nouveaux talents, en l'occurence celui de Rebecca Hall. Les troubles sentimentaux et les incertitudes existentielles de Vicky habitent cette actrice très prometteuse avec une intensité et une ambiguïté, qui dépassent de loin l'état vaporeux de Scarlett Johansson et les crises de nerfs de Penelope Cruz. Quant à Javier Bardem, il cache bien derrière sa façade d'amant latin imprévisible une inconsistance, qui est l'équivalent masculin de la névrose féminine dans l'univers toujours plus riche de Woody Allen.

Vu le 21 février 2009, au Latina, Salle 1, en VO

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

Chaque année pratiquement, Woody Allen nous présente son nouveau film. Et chaque année, avant d'aller le voir, je me demande comme pour une cuvée du beaujolais nouveau, si l'opus en question sera ou non un bon cru. Il faut reconnaître que Scarlett Johansson semble être la nouvelle muse de Woody Allen, tant elle lui permet de donner le meilleur de lui-même. Une nouvelle fois, nous avons droit à une grande comédie de moeurs, tournée cette fois-ci plus à Londres mais en Espagne, à Barcelone plus précisément.

Reposant sur une sorte d'amalgame amoureux, le scénario suggère ici que le couple parfait doit être composé de trois personnes - deux femmes et un homme - afin d'atteindre sa réelle plénitude. Vicky Cristina Barcelona innove ainsi par une sensualité qu'on n'attribuait pas à Woody Allen. A 72 ans, le cinéaste signe donc ici un film, où se côtoient plaisir et mélancolie, le tout sous le signe d'une intelligence profonde.

Cette fantaisie romantique est servie par d'excellents acteurs et des moments de comique jubilatoire et impertinente. Jamais à l'écran Scarlett Johansson, Rebecca Hall et Penélope Cruz n'ont été aussi belles et leurs portraits de femmes intelligentes et sensibles révèlent que ces trois jeunes comédiennes sont bien la relève de l'ancienne génération, composée par Glenn Close et Meryl Streep, parmi d'autres. De même et une fois de plus, Javier Bardem montre qu'il est un excellent acteur, capable de jouer dans tous les types de films.

Vu le 19 octobre 2008, au Gaumont Disney Village, Salle 8, en VF

Note de Mulder: