Gran Torino

Gran Torino
Titre original:Gran Torino
Réalisateur:Clint Eastwood
Sortie:Cinéma
Durée:117 minutes
Date:25 février 2009
Note:
Après la mort de sa femme Dorothy, le vieux Walt Kowalski, un vétéran de la guerre de Corée et retraité suite à une longue carrière chez Ford, se replie sur lui-même. Imperméable à l'insistance du jeune prêtre Janovich qui aimerait qu'il se confesse et tel un étranger pour ses deux fils et leurs familles, Walt se considère comme le dernier gardien des valeurs américaines dans son quartier résidentiel d'une ville moyenne du Michigan, qui a été envahi depuis longtemps par des immigrés asiatiques. Mais lorsque Thao, le fils de ses voisins, est malmené par une bande de jeunes voyous, Walt se voit contraint d'intervenir pour protéger ses biens.

Critique de Tootpadu

Walt Kowalski, le dernier personnage que Clint Eastwood interprétera jusqu'à preuve du contraire, est un homme qui grogne sans arrêt et qui en veut à tout le monde, y compris, voire premièrement, à lui-même. L'acteur sait jouer avec cette hostilité permanente autant que le réalisateur s'évertue à en tirer à la fois un ressort comique et le point de départ ambigu de son récit. Le thème du vieillissement et de l'approche de la mort, constamment présent dans l'oeuvre d'Eastwood au moins depuis Chasseur blanc, coeur noir il y a vingt ans déjà, crée une symbiose plutôt curieuse ici avec une histoire d'apprentissage sur fond de préjugés raciaux explicites.
Le vieux justicier profère en effet sans regrets des injures racistes, qui auraient même détonné dans les films les plus populistes d'avant l'application du politiquement correct des années 1990. Cet excès volontaire dans le langage discriminatoire du personnage central à l'égard de toutes les minorités qu'il a le malheur de croiser pose la question inconfortable du plébiscite quelque peu disproportionné de Gran Torino aux Etats-Unis, où il se classe, hors ajustement inflationniste, comme le plus grand succès commercial de son auteur tous rôles confondus. Et si le public de l'Amérique profonde, laissé pour compte par le cinéma hollywoodien globalement plus progressiste, se reconnaissait comme par miracle dans cet homme grincheux et solitaire, qui applique sa loi selon les règles de sa jeunesse, c'est-à-dire les années 1950, une époque où les Américains de race blanche régnaient sans partage sur leur pays ? On pourrait alors considérer ce Walt Kowalski comme la conclusion logique, quoique officieuse, de la série des films de l'inspecteur Harry, le héros emblématique du cinéma réactionnaire.
Toutefois, Clint Eastwood est un cinéaste bien trop subtil et lucide pour se laisser piéger par un tel manichéisme primaire. Il conçoit son récit davantage comme un voyage progressif vers le salut. Grâce à une narration particulièrement maîtrisée, qui retrouve ici ses marques décontractées, presque fordiennes, qu'Eastwood avait délaissées lors de ses trois productions précédentes lourdement prestigieuses, Gran Torino subjugue autant par son message d'humanité que par ses excès si énormes qu'ils deviendraient presque divertissants. C'est le cinéma selon Clint Eastwood tel que nous l'aimons : sans ambitions démesurées et surtout pas trop imbu de sa propre importance pour se permettre quelques écarts de conduite rafraîchissants !

Vu le 12 février 2009, à la Salle Warner, en VO

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

Clint Eastwood est l'un des derniers pionniers du cinéma hollywoodien. De film en film, il a fait preuve d'un talent profond en tant qu'acteur et réalisateur. C'est donc un véritable plaisir pour tout spectateur de voir enfin à nouveau Clint Eastwood devant la caméra !

Ce film est en quelque sorte un hommage marqué aux rôles qui ont fait sa renommée, de l'inspecteur Harry, aux maîtres de guerre, en passant par Million dollar baby. Ce film lui permet donc de rendre hommage à sa filmographie, tout en y apportant une touche de tendresse et d'humour. À 78 ans, Clint Eastwood signe l'un des films les plus marquants de sa carrière et nous ne pouvons que lui être reconnaissants.

Certes, j'aurais préféré une fin un peu plus optimiste, mais ce film est un véritable grand cru et j'espère revoir ce grand acteur devant la caméra très rapidement !

Vu le 28 février 2009, au Gaumont Disney Village, Salle 1, en VF

Note de Mulder: