Etrange histoire de Benjamin Button (L')

Etrange histoire de Benjamin Button (L')
Titre original:Etrange histoire de Benjamin Button (L')
Réalisateur:David Fincher
Sortie:Cinéma
Durée:166 minutes
Date:04 février 2009
Note:
Alors que l'ouragan Katrina menace la Nouvelle Orléans, Daisy Fuller, une vieille dame sur le point de mourir, fait lire à sa fille Caroline le journal intime d'un certain Benjamin Button, l'homme de sa vie. Button était né le jour de l'armistice de la Première Guerre mondiale. Ayant l'apparence d'un vieillard, il a été abandonné par son père et recueilli par Queenie, la gouvernante d'une maison de repos. Au fil des ans, alors qu'il voit ses compagnons âgés mourir, Benjamin Button rajeunit et profite de cette jouvence inattendue pour découvrir le monde.

Critique de Tootpadu

Les treize nominations aux Oscars que cette épopée a reçu ne devraient surprendre personne, si l'on considère que ce film, le plus sobre à ce jour de David Fincher, s'inscrit parfaitement dans la tradition de Titanic de James Cameron, par son dispositif narratif d'un long retour en arrière, et de Forrest Gump de Robert Zemeckis, par l'arc de son récit et la passivité de son protagoniste, tous les deux amplement encensés par l'Académie américaine. L'Etrange histoire de Benjamin Button appartient à ces films, dont l'ampleur et le soin visuel ne peuvent qu'impressionner, mais qui dispensent une morale existentielle tellement convenue qu'on n'éprouve pas la moindre émotion en les regardant.
Le détail du vieillissement à l'envers mis de côté, le scénario se limite à l'évocation en long et en large d'une vie. Une vie qui n'a rien d'exceptionnel, tout comme Benjamin qui reste en retrait jusqu'à l'ennui. Evidemment, on pourrait arguer que c'est justement sa condition anormale qui l'a rendu ainsi : sans ambition et pauvre en passions, simplement heureux de vivre au jour le jour tout en sachant ce qui l'attend. Cette banalité est encore renforcée par une parcimonie notable en termes de coups fatals du destin, puisque le seul sursaut qui aurait pu faire dérailler le cours tout tracé de la vie de Benjamin Button est accompagné d'une séquence, qui évoque lourdement toutes les coïncidences qui y ont mené. Le héros du film a beau être plus lucide et intelligent que Forrest Gump, ce n'est pas pour autant que sa biographie filmique se démarque par une plus grande vivacité.
Il y a juste un moment dans les presque trois heures du film, où nous sommes sortis de notre torpeur soyeuse. Ce n'est pas l'attaque tonitruante du sous-marin et pas non plus le montage de moments idylliques entre Benjamin et Daisy, qui y rappellent plus que jamais Robert Redford et Barbra Streisand dans Nos plus belles années de Sydney Pollack. Non, le seul instant où le film quitte, le temps d'un amour passionnel sans lendemain, sa trame mollement romantique, c'est lors de la rencontre avec Elizabeth Abbott, jouée avec son spleen inimitable par une Tilda Swinton très en forme. Si l'on veut détourner la morale conventionnelle du film, on pourrait voir dans cette alliance passagère et à l'écart de la raison et des habitudes la confirmation d'une autre vie possible, pétillante et décadente, que celle que L'Etrange histoire de Benjamin Button se plaît à promouvoir pendant le restant de sa durée importante.

Vu le 5 février 2009, au Max Linder, en VO

Note de Tootpadu: