Bellamy

Bellamy
Titre original:Bellamy
Réalisateur:Claude Chabrol
Sortie:Cinéma
Durée:110 minutes
Date:25 février 2009
Note:
Le célèbre commissaire parisien Paul Bellamy est, comme tous les ans, parti se reposer dans la maison d'enfance de sa femme à Nîmes. Ses vacances tranquilles sont perturbées par l'arrivée de son frère cadet Jacques et par un homme mystèrieux, qui rôde autour de la maison depuis quelques jours et qui finit par demander de l'aide au commissaire. Ce dernier, grâce à son discernement redoutable d'enquêteur aguerri, ne tarde pas à établir un lien entre cet individu et l'assureur Emile Leullet, qui est recherché dans toute la région pour escroquerie.

Critique de Tootpadu

Gérard Depardieu dans un film de Claude Chabrol, c'est une rencontre de deux monstres sacrés du cinéma français qu'on s'étonne de ne pas avoir vu plus tôt. Et c'est probablement le point fort de ce policier pondéré, qui permet par la même occasion à Chabrol d'élargir son écurie de comédiens. Bien qu'il reste fidèle ici à certains de ses collaborateurs d'antan comme Jacques Gamblin et Rodolphe Pauly. Depardieu habite en effet son rôle de commissaire, fortement inspiré du Maigret de chez Georges Simenon, avec une bonhomie et une complexité, que seul un acteur de sa trempe est capable de conjuguer avec conviction.
Ce Paul Bellamy est un personnage plus tordu qu'il ne paraît de prime abord. Derrière une façade de bon vivant un peu sectaire se cache en effet une échelle de valeurs malmenée par une expérience de vie, qui a laissé notre protagoniste complètement désabusé, quoique toujours curieux de voir jusqu'où la nature humaine est capable de tomber. En cela, Bellamy est un héros typiquement chabrolien, puisque sa capacité de révéler les dysfonctionnements sociaux et les perversions individuelles ne le laisse point indemne. Cependant, il manque à Bellamy le cynisme mordant et jubilatoire, qui caractérise les meilleurs films de Claude Chabrol.
Au fond, c'est une histoire de faibles, qui s'entredéchirent et qui profitent sans trop de scrupules l'un de l'autre. Dans ce monde de la petite bourgeoise, où la médiocrité règne, les occasions pour se délecter, en tant que spectateur, du malheur ou de l'absence de scrupules des personnages sont plutôt rares. Et l'aspect mollement policier de l'intrigue, trop vague et sans enjeu pour susciter notre intérêt, n'arrange guère l'affaire.
Bellamy reste donc un cru moyen de Chabrol, qui fait évidemment preuve du discernement social dans lequel ce réalisateur prolifique s'exerce depuis cinquante ans, mais qui a choisi cette fois-ci une histoire trop fade pour titiller nos papilles cyniques.

Vu le 12 janvier 2009, au Publicis Cinémas, Salle 1

Note de Tootpadu: