Echange (L')

Echange (L')
Titre original:Echange (L')
Réalisateur:Clint Eastwood
Sortie:Cinéma
Durée:142 minutes
Date:12 novembre 2008
Note:
En mars 1928, Walter Collins, le fils que la standardiste Christine Collins élève seule à Los Angeles, disparait. Cinq mois plus tard, la police dit avoir trouvé Walter dans l'Illinois et le présente fièrement à sa mère. Mais celle-ci ne reconnaît pas le garçon et accepte seulement avec réticence de l'accueillir chez elle. Dès lors, elle se bat seule contre l'institution policière, qui a arrêté les recherches de Walter, et qui est prête à envoyer cette mère incommode en asyle psychiatrique, plutôt que d'admettre sa faute.

Critique de Mulder

Clint Eastwood est un des plus grands acteurs et réalisateurs de l'ancien Hollywood. Un acteur qui a su s'imposer à travers différents rôles bouleversants (Million dollar baby) aussi bien que récurrents (la sage des Inspecteur Harry, l’homme sans nom dans les western). Il est aussi un grand réalisateur et surtout un directeur d'acteurs hors pair. Nous attendions donc son nouveau film avec une certaine impatience, surtout que les premières images nous renvoyaient directement à des fresques à la Sergio Leone (comme le classique Il était une fois en Amérique).

D'emblée, ce film est une œuvre bouleversante narrant la bataille d'une mère, dont le fils a disparu, contre une police corrompue aux agissements nauséabonds. C'est peu dire qu'Angelina Jolie s'est investie totalement dans ce film. Elle montre qu'elle est une grande actrice, capable d'aligner à la fois des blockbusters (Wanted, Tomb Raider) et des films d'auteur (Une vie volée, Raison d'état). Clint Eastwood signe donc avec ce film un grand thriller bouleversant et magistral. Il s'appuie également sur une reconstitution de l'époque parfaite et minutieuse.

Ce film a donc sa place parmi les meilleurs film de cet auteur. Clint Eastwood s'impose comme l'un des grands réalisateurs américains, à la hauteur d'un Martin Scorsese, ou d'un Brian De Palma. Nous attendons maintenant avec impatience son prochain film dans lequel il sera aussi bien devant que derrière la caméra, Gran Torino.

Vu le 15 novembre 2008, au Gaumont Disney Village, Salle 3, en VF

Note de Mulder:

Critique de Tootpadu

Cachée derrière une épaisse couche de rouge à lèvres, Angelina Jolie traverse presque mécaniquement le spectre des émotions dans ce drame long et sans verve. Son tour de force, au bord de l'hystérie et jamais très convaincant, ne permet cependant pas à L'Echange d'acquérir ne serait ce qu'un minimum de profondeur émotionnel. L'intrigue hautement prévisible et émaillée de manifestations déplaisantes d'un manichéisme simpliste, ainsi que la mise en scène de Clint Eastwood sans imagination, pour ne pas écrire carrément plate, finissent par rendre ce film assez ennuyeux et sans réels moments forts.
Les rares occasions pour interroger au moins potentiellement la croisade de cette mère enragée, comme par exemple lorsqu'un assassin clairement perturbé mentalement est mené à l'échafaud, alors que nous avons vu juste avant les dérives d'un traitement psychiatrique sommaire, ou pour sonder plus en profondeur les quelques zones d'ombre d'une intrigue qui contourne autrement les moindres embûches, sont sacrifiées au profit d'une narration exsangue. Ni les personnages très superficiels dans leurs motivations et leur présentation globale, ni le déroulement très schématique du parcours de combattant de Christine Collins, ne nous arrachent la moindre émotion. En adaptant un fait divers sans conclusion dramatiquement satisfaisante, Clint Eastwood se place du côté de ces drames juridiques innombrables des années 1940 et '50, qui suivent fidèlement les revirements de leur affaire, mais qui oublient en même temps de tirer un avantage filmique quelconque de leur structure narrative interminable et répétitive.
Enfin, à la mise en scène paresseusement minimaliste correspond la bande originale, composée par Eastwood lui-même, qui met sans inspiration ses deux, trois notes récurrentes à toutes les sauces.

Vu le 16 décembre 2008, au MK2 Bibliothèque, Salle 3, en VO

Note de Tootpadu: