Of time and the city

Of time and the city
Titre original:Of time and the city
Réalisateur:Terence Davies
Sortie:Cinéma
Durée:77 minutes
Date:04 février 2009
Note:
La ville, c'est Liverpool, l'important centre industriel du nord-ouest de l'Angleterre. Le temps, ce sont les vingt-huit années que le réalisateur Terence Davies y vivait, jusqu'en 1973, avant de quitter sa ville natale.

Critique de Tootpadu

Pour son cinquième film, le réalisateur anglais Terence Davies revient au registre de l'introspection autobiographique, qui avait déjà été apparente au début de sa carrière. Toutefois, si la narration de ce "poème visuel", comme le nomme Davies, relève au moins partiellement d'expériences personnelles, les images d'archives, qui constituent l'immense majorité de son contenu visuel, reflètent la vie quotidienne des habitants anonymes de la ville.
De cet assemblage d'éléments hétéroclites naît un rythme fascinant, qui suggère quelques interrogations fondamentales sur le point de vue. Of time and the city est en effet plus que le récit d'un début de vie et d'existence révolu, plus que le souvenir nostalgique d'une époque emportée par le passage du temps, voire plus qu'un documentaire historique, qui évoquerait le passé de la ville à travers le prisme d'une approche artistique et depuis le point de vue d'une population modeste. Terence Davies réussit un exploit infiniment plus magique, à savoir la résurrection d'individus oubliés dans les méandres des archives, qui gagnent une vitalité filmique insoupçonnée, grâce à son film réellement poétique.
Les citations laconiques sur la nature humaine condamnée d'avance, et les prises saisissantes de l'architecture urbaine au fil du temps, ne servent en fin de compte qu'à une chose : à conférer une véritable présence filmique aux hommes, femmes et enfants, qui peuplent la ville et qui, pendant le bref instant qu'ils sont captés par l'objectif d'une caméra posée là presque par hasard, deviennent les témoins intemporels de la cité, les protagonistes éphémères et pourtant attachants de ce film magnifique sur la beauté dans la banalité de la vie.
Mais la vie, c'est également et surtout le passage du temps. Le réalisateur observe ce défilement incessant avec une certaine inquiétude, qui se mue carrément en tristesse profonde, lorsqu'il reconnaît à peine les quartiers de son enfance et l'aspect général de la ville, désormais en phase avec l'esthétique urbaine froide du XXIème siècle. C'est alors que la nature réelle du film se révèle, qui est avant tout un kaléidoscope hors normes sur le milieu du siècle passé, qui paraît encore plus lointain, comme perdu à jamais, s'il est vu à travers l'oeil aussi lucide que laconique d'un cinéaste de la trempe d'un Terence Davies.

Vu le 9 décembre 2008, au Club Publicis, en VO

Note de Tootpadu: