Mascarades

Mascarades
Titre original:Mascarades
Réalisateur:Lyes Salem
Sortie:Cinéma
Durée:94 minutes
Date:10 décembre 2008
Note:
Dans le village reculé algérien où Mounir habite avec sa famille et Rym, sa soeur narcoleptique, la seule attraction sont les mariages, rendus encore plus prestigieux par la caravane de voitures de luxe qui descend pour l'occasion de la résidence du colonel. Alors que la meilleure amie de Rym vient de se marier, Mounir en a assez des railleries à cause de la maladie de sa soeur. Après une soirée de beuverie, il crie sur la place centrale du village, que Rym a été choisi comme épouse par un homme riche et influent. Le lendemain matin, il tente d'abord tout pour arranger sans conséquences cette superchérie énorme. Mais l'entêtement de Rym, amoureuse en secret de Khliffa, le meilleur ami de son frère, et l'admiration des villageois compliquent l'affaire.

Critique de Tootpadu

Il est étonnant, stupéfiant même, à quel point ce film algérien fait preuve de maturité, et du côté de son histoire pleine de sagesse, et de celui de sa forme parfaitement maîtrisée. Et pourtant, Mascarades est le premier film d'un jeune réalisateur âgé d'à peine trente-cinq ans, qui s'était illustré dans le passé avec son court-métrage Cousines, lauréat d'un César il y a quatre ans. L'humour, avec quelques interludes burlesques, et la dimension sentimentale et sociale plus sérieuse y sont parfaitement équilibrés.
L'histoire de l'homme qui invente un mariage pour sa soeur délaissée, avant d'être progressivement dépassé par les événements, est contée avec une légèreté et une assurance qui imposent le respect. Lyes Salem sait mieux que de forcer le trait ou de surcharger son récit avec des messages artificiels, qui dénatureraient le ton aéré et entièrement plaisant de son film. Ce que le réalisateur a à dire, il le transmet à travers un style personnel, qui démontre une grande aisance dans le maniement de l'outil cinématographique. Il n'est hélas pas donné à tous les cinéastes aspirants de s'exprimer avec la même beauté visuelle et la même fluidité narrative que Lyes Salem.
Mais comme pour chaque film qui est plus qu'un simple exercice de style dans son genre, Mascarades séduit par son authenticité humaine. La banalité du cadre et des personnages sert ainsi justement à renforcer encore l'impact émotionnel, plutôt ébouriffant pour un premier film, et l'incongruité hilarante de cette situation inattendue, qui fait boule de neige.

Vu le 4 décembre 2008, au Club Publicis, en VO

Note de Tootpadu: