Australia

Australia
Titre original:Australia
Réalisateur:Baz Luhrmann
Sortie:Cinéma
Durée:165 minutes
Date:24 décembre 2008
Note:
En 1939, l'aristocrate anglaise Lady Sarah Ashley se rend en Australie afin de confondre son mari qu'elle soupçonne d'adultère. Mais une fois sur place, elle se retrouve face à une situation bien pire que ce qu'elle imaginait : son mari vient d'être assassiné, apparemment par le sorcier aborigène King George, et son immense domaine, Faraway Downs, est au bord de la faillité et sur le point d'être absorbé par le puissant King Carney. Lady Ashley découvre rapidement qui sont ses ennemis et ses amis. Elle congédie le contremaître véreux Neil Fletcher, de mèche avec Carney. Pour ammener plus de 1500 têtes de bétail à travers le désert australien jusqu'à Darwin, elle fait alors appel à Drover, un cowboy indépendant. Et elle développe une affection maternelle pour Nullah, un garçon métisse qui a grandi sur Faraway Downs.

Critique de Tootpadu

L'Australie juste avant la Seconde Guerre mondiale n'a pas grand-chose en commun avec la vie nocturne de Paris au début du siècle. Cette différence de fond n'empêche pas le réalisateur Baz Luhrmann d'administrer, au moins partiellement, un style aussi frénétique et surchargé à sa nouvelle épopée qu'à Moulin Rouge !. Les ralentis, le montage souvent à la limite de l'épilepsie, et les décors explicitement artificiels vont ainsi bon train dans ce film ambitieux rien que par son échelle. Cependant, une autre vocation, plus enracinée dans la tradition ancienne des spectacles cinématographiques, celle du récit héroïque et épique, se voit régulièrement contrariée par la nervosité et l'artifice, qui caractérisent la mise en scène très inégale.
Le plus à l'aise lorsqu'il s'agit d'orchestrer avec bravoure de grandes séquences d'action et d'aventure, comme la panique du bétail ou le sauvetage des enfants, Baz Luhrmann est clairement dépassé face aux implications émotionnelles de son histoire. Il est en effet difficile d'éprouver quoique ce soit pour le mélodrame qui se déroule pendant deux heures et demie devant nos yeux, si la présence gênante d'une tonne d'effets spéciaux nullement discrets et le style filmique assez décousu de Luhrmann nous rappellent sans cesse la nature artificielle du spectacle. C'est l'éternel combat entre la recherche de l'authenticité et le faire semblant assumé qui se joue dans ce film, pour aboutir à un résultat mi-figue, mi-raisin.
A force de nous recouvrir d'une couche d'épreuves existentielles après l'autre, Luhrmann réussit quand même à nous impliquer tant soit peu dans son histoire. Mais chaque fois qu'un équilibre narratif organique et en phase avec les épopées classiques se profile, des éléments inhérents à l'univers du réalisateur déclenchent une rechute désagréable vers la caricature atroce. Les deux pôles de cette agitation enfantine sont l'hystérie du personnage de Nicole Kidman, encore plus coincée que dans Moulin Rouge !, et une conception manichéenne simpliste au point d'être risible. Alors que les stratagèmes machiavéliques du Duc dans le film précédent de Luhrmann s'accordaient sans peine avec le ryhtme survolté de l'histoire, l'insistance du méchant dans ce film-ci relève davantage de l'exagération grotesque !
Il n'en reste pas moins que Australia dispose de quelques atouts de taille pour faire passer la pilule de ses nombreuses inégalités. Curieusement, c'est la bande originale de David Hirschfelder, pas vraiment notre compositeur de chevet, qui donne une cohérence et une envergure majestueuses à l'ensemble. Et les décors et les costumes de Catherine Martin, l'épouse du réalisateur, sont des plus élégants, surtout lorsqu'ils ne sont pas incrustés dans des effets spéciaux franchement trop prépondérants.

Vu le 27 novembre 2008, à l'UGC Normandie, Salle 1, en VO

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

Roméo + Juliette et Moulin Rouge ! furent deux films très musicaux, qui marquèrent nos mémoires de cinéphile. Nous attendions donc de Baz Luhrmann son Autant en emporte le vent, son Pearl Harbor (certes, le résultat fut mitigé), en la présence d'Australia. Ce film, qui se veut une belle romance sur la base d'une fresque historique (l'attaque de l'Australie par les Japonais) est un film mêlant le très bon (superbes décors naturels) et le moins bon (les personnages principaux ne sont pas assez définis). Reste qu'Australia atteint son objectif et pendant plus de deux heures nous sommes pleinement happés par ce film.

Le succès du film tient surtout au jeu très inspiré de Nicole Kidman et de Hugh Jackman, qui ressemble beaucoup trop à Clint Eastwood période Sergio Leone. Ce film est un hymne à l'Australie et une reconnaissance, certes tardive des Aborigènes, qui y ont péri durant la Seconde Guerre mondiale. Australia a certes reçu un acceuil mitigé par la presse en général, y compris par Tootpadu, car nous attendions forcément un film plus puissant, plus dur et surtout sans fin heureuse de Baz Luhrmann. Il faut ainsi souligner que c'est bien le premier film du réalisateur, où les personnages principaux ne meurent pas. Quatre fins différentes ont été tournées et devront figurer sur le dvd collector à sortir prochainement.

De nouveau, nous sentons bien que Baz Luhrmann est en contemplation devant Nicole Kidman au point de lui donner le rôle principal de son film. Tout tourne autour de cette femme marquée par le destin et prête à se battre pour ses idées. Face à un tel portrait de femme, nous ne pouvons qu'être admiratif et adhéré à cette fresque. Reste que le film aurait gagné en valeur en ayant plus de scènes à grand spectacle. Nous devons nous contenter de la scène de la jetée et de l'attaque aérienne des Japonais.

Reste que je sors satisfait d'avoir vu un grand film et que je vous conseille vivement de le voir en salle de cinéma !

Vu le 26 décembre 2008, au Gaumont Disney Village, Salle 2, en VF

Note de Mulder: