Import export

Import export
Titre original:Import export
Réalisateur:Ulrich Seidl
Sortie:Cinéma
Durée:139 minutes
Date:07 janvier 2009
Note:
En Ukraine, Olga est la jeune mère d'un enfant. Son travail d'infirmière lui permet tout juste de survivre. Elle est donc obligé de se prostituer virtuellement dans une agence de sexe sur internet. La chance paraît enfin lui sourire, lorsqu'une amie lui trouve un travail de femme de ménage en Autriche. En même temps, Paul n'arrive pas à garder son nouveau job de vigile à Vienne. Il accompagne alors son beau-père sur une tournée à travers les pays de l'est pour installer des machines à sous.

Critique de Tootpadu

Difficile de trouver sa place, lorsqu'on est tout en bas de l'échelle sociale et constamment malmené par des éléments destructeurs, qui envient encore les quelques acquis modestes des personnages principaux dans ce film autrichien, présenté en compétition à l'avant-dernier festival de Cannes. Le portrait social que le réalisateur Ulrich Seidl dresse avec son deuxième long-métrage de fiction, après Dog days, est une fois de plus déprimant. Cependant, la situation d'exploitation professionnelle et de malaise existentiel dans laquelle évoluent Olga et Paul, indépendamment l'un de l'autre, est décrite avec une telle neutralité et un tel détachement moral, qu'un curieux semblant de réalisme en résulte.
Dans un climat d'humiliations inopinées et de désillusions permanentes, les idéaux moraux tendent forcément vers une certaine perfidie. Mais même les séquences qui mettent le plus à mal la dignité humaine, comme celle avec la jeune prostituée dans la chambre d'hôtel ou les acrobaties nullement érotiques devant la caméra de l'ordinateur avec les aboiements du client mécontent en fond sonore, perdent relativement en cruauté, dans un environnement narratif qui punit la moindre détente. Les deux protagonistes se voient en effet immédiatement rappelé à l'ordre, dès qu'ils transgressent leur rôle d'esclave des temps modernes, qu'ils n'ont point choisi. Dans ce contexte, les manipulations imprévisibles de la part des supérieures d'Olga sont juste l'équivalent visible des frustrations que Paul, fauché et sans ambition, vit au quotidien.
Pour un film aussi sombre, qui correspond parfaitement à la saison hivernale pendant laquelle il se déroule, Import export est exceptionnellement engageant. Ce ne sont pas seulement les explorations visuelles des profondeurs béantes des couloirs fonctionnels dans les hôpitaux, les usines ou les cités qui intriguent, mais également le ton étonnamment fluide, en vue de la durée du film et des abus accablants qui constituent l'intrigue. Nullement anxieux de charmer ou de choquer son public, Ulrich Seidl réussit ainsi un conte moral inhabituel, qui explore en filigrane le déséquilibre social, dont ses personnages désoeuvrés ou discriminés sont les premières victimes.
Cette mise en cause des frontières à travers les pays entre les différentes conditions de vie ne dispose peut-être pas de l'impact coup de poing de Dog days, qui plongeait avec un peu trop de complaisance dans les dérives de la bourgeoisie autrichienne. Mais elle confirme avec brio la conscience sociale désabusée et bien éveillée du cinéma germanophone.

Vu le 25 novembre 2008, à la Salle Pathé Lincoln, en VO

Note de Tootpadu: