Duchess (The)

Duchess (The)
Titre original:Duchess (The)
Réalisateur:Saul Dibb
Sortie:Cinéma
Durée:110 minutes
Date:12 novembre 2008
Note:
En 1774, le mariage entre la jeune Georgiana Spencer et le duc de Devonshire, un des hommes les plus influents d'Angleterre, est arrangé. Insouciante et romantique, Georgiana devra vite se rendre compte que son mari ne l'a épousée que pour concevoir un héritier mâle. Tant qu'elle n'aura pas rempli cette tâche, Georgiana subira une série ininterrompue d'humiliations et de frustrations conjugales.

Critique de Tootpadu

Ce n'est pas un hasard que le dossier de presse de ce film britannique mentionne à plusieurs reprises le lien de parenté, biologique et historique, qui unit Georgiana duchesse de Devonshire et Lady Di. Derrière l'oppulence des costumes et des décors, incontournable pour une telle production, et les envolées épiques de la bande originale de Rachel Portman se cristallise en effet une histoire de femme, qui rappelle par moments le destin tragique de la princesse adulée. Sauf que les circonstances historiques laissaient encore moins de liberté à Georgiana pour se soustraire à ses obligations d'épouse d'un haut dignitaire, qui avait tous les pouvoirs sur elle.
La condition féminine doit livrer un combat de tigresse, face aux abus psychologiques et physiques que les hommes lui font subir en toute impunité. C'est grâce à ce contexte d'une libération timide des moeurs et des rôles imposés aux genres depuis des siècles, que The Duchess acquiert un peu de légitimité sociale. Les ébats des coeurs suivent en effet trop docilement le déroulement ébauché par des dizaines d'autres épopées à costumes, qui ont précédé ce film néanmoins plaisant à regarder. Constamment à cheval entre des compromis difficiles à avaler et des sursauts éphémères de dignité et d'idéalisme, l'attitude de Georgiana en dit long sur le statut social précaire des femmes, quelques années avant les grandes révolutions européennes et pratiquement deux siècles avant qu'elles ne puissent prétendre à un semblant d'égalité avec les hommes.
A l'intelligence du scénario et la qualité serviable de la mise en scène répond une interprétation tout en nuances. Notamment les forces antagonistes, animées par Ralph Fiennes et Charlotte Rampling, font preuve d'une humanité réprimée, qui rend leurs actes abjects encore plus tragiques. Et Keira Knightley brille une fois de plus dans un rôle, qui met agréablement en valeur sa fragilité et sa détermination féminines.

Vu le 5 novembre 2008, à la Salle Pathé Lamennais, en VO

Note de Tootpadu: