Belle personne (La)

Belle personne (La)
Titre original:Belle personne (La)
Réalisateur:Christophe Honoré
Sortie:Cinéma
Durée:97 minutes
Date:17 septembre 2008
Note:
Après la mort de sa mère, Junie intègre le lycée de son cousin Matthias, en cours d'année. Elle n'a pas trop de mal à s'intégrer dans sa classe et cède aux avances d'Otto, le plus sage élève de la bande de copains de Matthias. Mais Junie a également attiré le regard de Nemours, son jeune prof d'italien. Encore engagé auprès de Florence, sa collègue prof de philo, et sur le point de rompre avec son élève Marie, la déléguée de classe, Nemours ne s'attendait pas à un tel coup de foudre. Il sait par contre qu'il s'agit là d'un amour impossible, d'autant plus que Junie continue de l'éviter.

Critique de Tootpadu

L'intimité et ses violations sont au coeur du cinquième film de Christophe Honoré. Plus qu'une chronique de l'amour impossible, son film s'intéresse à la complexité des relations sentimentales en général, et à leur statut encore plus précaire dans le cadre scolaire à l'âge de l'adolescence. Sous l'oeil méfiant de ses camarades de classe, coincés quelque part entre la mesquinerie enfantine et une résignation adulte affectée, Junie et les autres personnages en quête d'amour n'osent pas franchir le pas de l'abandon sans réserve à leurs émotions. Mais cette délicatesse dans l'effusion des larmes et des déclarations a une autre origine bien plus lucide et irréfutable : la raison. Si Junie résiste aussi longtemps à l'attirance qu'elle éprouve pour Nemours, c'est parce qu'elle a bien compris l'inconsistance sentimentale de son amant potentiel mal assorti.
En dépit d'une profondeur dans l'exploration de l'amour une fois de plus intriguante, Christophe Honoré a plus de mal à nous enthousiasmer avec son nouveau film, en comparaison avec ses deux coups de maître précédents. Il se dégage une certaine confusion de La Belle personne, qui ne provient pas seulement de quelques répliques inintelligibles, d'une structure chorale un peu maladroite ou des repères d'époque plutôt disparates, entre la vétusté des locaux et des équipements de l'école et l'usage banalisé du téléphone portable, par exemple. Peut-être ce léger malaise résulte-t-il également du cadre très bourgeois du 16ème arrondissement de Paris, un environnement social peu exploré par le cinéma français, et pour cause, tellement c'est un quartier engoncé dans son statut de base des riches et des blasés.
Nos réserves par rapport à ce film, malgré tout beau et mélancolique, résultent surtout de l'incapacité de la réalisation à lui trouver un cadre formel adéquat. Après l'hommage à la Nouvelle vague et à la comédie musicale, Christophe Honoré peine en effet à nous ravir avec un nouveau projet formel à la hauteur de ses deux exploits antérieurs. Une lacune qui devient d'autant plus pénible, qu'il ne se prive pas d'un retour presque désespéré vers ces deux bouées de sauvetage filmiques au cours de la dernière demi-heure de ce film-ci. Entendre une fois de plus Grégoire Leprince-Ringuet chanter ou voir Louis Garrel et Léa Seydoux, l'Anna Karina des temps modernes, cavaler à travers les portes de l'ouest parisien, cela nous rappelle malheureusement plus la bravoure des deux films précédents de Christophe Honoré, que ce retour en arrière n'assied l'indépendance formelle et la personnalité narrative de celui-ci.

Vu le 26 septembre 2008, au Saint-Lazare Pasquier, Salle 1

Note de Tootpadu: