Faubourg 36

Faubourg 36
Titre original:Faubourg 36
Réalisateur:Christophe Barratier
Sortie:Cinéma
Durée:120 minutes
Date:24 septembre 2008
Note:
A la fin de l'année 1935, le directeur du music-hall "Chansonia", criblé de dettes, se tire une balle dans la tête, laissant tous ses fidèles employés et artistes au chômage. Quatre mois plus tard, Galapiat, le nouveau propriétaire et un marchand d'immobilier véreux et fasciste, cherche en vain de vendre les locaux abandonnés. Porté par la victoire du Front populaire et le besoin de trouver un emploi stable pour regagner la garde de son fils Jojo, Germain Pigoil décide de rouvrir le "Chansonia" avec l'aide de ses anciens collègues Milou, un syndicaliste engagé, et Jacky, le roi autoproclamé des imitateurs.

Critique de Tootpadu

La vieille France et le cinéma de papa ont la côte dans ce deuxième film de Christophe Barratier. Alors que le cadre historique de la polarisation de l'opinion publique entre le communisme et le fascisme se serait bien prêté à un drame riche en prises de position courageuses et en actes d'abnégation, le scénario reste ennuyeusement inoffensif et superficiel. De même, la mise en scène demeure très lisse tout au long du film, privilégiant des images à la beauté artificielle à la moindre force narrative. C'est un spectacle profondément consensuel qui nous est présenté là, à prendre ou à laisser, selon les préférences personnelles et les exigences cinématographiques de chacun.
Faubourg 36 n'est certes pas désagréable à regarder. Mais face à un tel soin apporté à l'aspect visuel du film, ses lacunes scénaristiques deviennent d'autant plus frustrantes. Comme sur des rails, l'intrigue avance d'une manière platement prévisible et nullement excitante. La course à l'artifice et à la pérennisation de la perception nostalgique de l'époque obstruent le plus infime élan de spontanéité et de vivacité. Tandis que la première moitié du film peut aisément rivaliser avec la naïveté sucrée du Fabuleux destin d'Amélie Poulain de Jean-Pierre Jeunet, la deuxième répète mollement le triangle amoureux tragique du Moulin Rouge de Baz Luhrmann. Toutefois, la surenchère esthétique, qui rendait le premier indigeste et le second passionnant, est absente ici. Fignolé selon les règles de l'art du divertissement populaire dépourvu d'une personnalité discernable, le film progresse sans provoquer en nous la moindre émotion authentique.
Assuré de remporter un succès commercial important auprès du grand public, peu regardant et avide d'occasions d'évasion sans arrière-goût, Faubourg 36 ne recèle guère de surprises agréables. Outre la participation, dans des rôles de comparses, de quelques acteurs que nous aimons bien, comme Julien Courbey et Stéphane Debac, l'unique révélation notable du film est la radieuse Nora Arnezeder, qui excelle surtout lors des numéros musicaux de la deuxième partie du film, la seule bulle d'air dans un environnement trop précieux pour émouvoir.

Vu le 9 septembre 2008, à la Salle Pathé Lamennais

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

Contrairement à mon confrère Tootpadu, j'avoue avoir été agréablement surpris par Faubourg 36. Certes, ce film est un film populaire comme l'ont été Les Choristes du même réalisateur. Cette oeuvre permet notamment à Christophe Barratier de corriger ses défauts de mise en scène entrevus dans son film précédent. Ici, nous retrouvons enfin de vrais rôles bien construits et travaillés, joués par des acteurs français que nous apprécions réellement. On sent que Gérard Jugnot, Kad Merad, Clovis Cornillac, Pierre Richard et François Morel prennent un réel plaisir communicatif à jouer dans ce drame sentimental.

Certes, ce film n'atteint pas la perfection d'un Moulin Rouge ou d'un Chicago mais les numéros de music hall nous donnent envie de chanter et de faire partie de cette troupe. Pour peu, on monterait sur scène à la façon des chansonniers de l'époque. Nous sentons bien également que le réalisateur veut rendre ainsi hommage aux films populaires à la française, pleins de bons sentiments. De même, il dresse un très beau portrait tout à fait réussi du Paris des années 1930. La reconstitution historique de ce faubourg parisien de l'entre-deux-guerres est une vraie réussite visuelle.

Enfin, Nora Arnezeder du haut de ses dix-neuf ans mérite amplement le César du Meilleur espoir féminin ! Elle irradie de sa beauté, de son regard étincelant et de sa joie de vivre toute la salle. Et lorsqu'elle chante un hymme à son homme, nous sommes réellement émus. Je ne peux que lui souhaiter une longue carrière, car je suis prêt à parier qu’elle s’annonce très longue et prometteuse ...

Vu le 26 septembre 2008, au Gaumont Disney Village, Salle 1, en VF

Note de Mulder: