
Titre original: | Vie moderne (La) |
Réalisateur: | Raymond Depardon |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 83 minutes |
Date: | 29 octobre 2008 |
Note: | |
Depuis dix ans, Raymond Depardon rend visite à des paysans de moyenne montagne. Alors que l'agriculture à grande échelle est industrialisée depuis longtemps, ces fermiers subsistent tant bien que mal sur des exploitations familiales. La plupart d'entre eux ont dépassé l'âge de la retraite depuis longtemps, mais ils continuent quand même à traire leurs vaches, à labourer leurs champs et à sortir les chèvres et les moutons. Simultanément, quelques jeunes souhaitent poursuivre cette tradition de l'agriculture artisanale.
Critique de Tootpadu
Raymond Depardon met ses origines de photographe et d'enfant de paysans au profit de ce documentaire aussi beau que touchant. Plutôt que de s'engager dans une polémique sur la précarité du métier d'agriculteur à petite échelle ou la disparition regrettable d'un mode de vie et de production, Depardon part en quelque sorte à la recherche de l'essence humaine de ces hommes et ces femmes, qui vivent dans la solitude et l'oubli de nos campagnes.
Le cheminement de la caméra, à travers de longues routes provinciales au bout desquelles ne se trouve qu'une ferme isolée, sur fond de la musique presque sacrée de Gabriel Fauré, nous mène au coeur d'une philosophie de vie inchangée depuis des siècles. Taciturnes et naturels, les vieux paysans interrogés et leurs rares successeurs livrent néanmoins plus à la caméra que de simples paroles. Grâce à la composition magnifique du format large et à la délicatesse dans la direction des entretiens, le documentaire ne vole nullement leur dignité à ces hommes et femmes simples. Au contraire, il en fait des sujets profondément humains, qui portent sur leurs visages, marqués par le temps et par un travail sans ménagement, la somme d'une profession en voie de disparition.
La véritable noblesse dans la démarche de Raymond Depardon réside dans le fait qu'il ne s'attriste pas sur le sort a priori guère enviable de ces agriculteurs modestes et vieillissants. Il épouse davantage une vision décomplexée des faits, qui prête une attention sincère aux événements personnels sans envergure globale. Une vache malade ou vendue et un chien mordant trouvent ainsi autant leur place dans La Vie moderne que l'évocation farouche de désaccords dans le cercle familial.
Vu le 9 septembre 2008, au Balzac, Salle 1
Note de Tootpadu: