Be happy

Be happy
Titre original:Be happy
Réalisateur:Mike Leigh
Sortie:Cinéma
Durée:118 minutes
Date:27 août 2008
Note:
Rien n'arrive à entamer durablement la bonne humeur de Polly, une institutrice insouciante. Elle se dépense sans compter à son travail et pour se défouler, elle fait du trampoline ou elle sort avec sa colocatrice Zoe et sa soeur. Lorsque Polly se fait voler son vélo, elle considère que c'est le moment idéal pour enfin passer le permis. Sauf que Scott, son moniteur d'auto-école un peu illuminé, ne supporte pas ses manières joyeuses.

Critique de Tootpadu

Il est impossible d'être de bonne humeur tout le temps, surtout dans un film de Mike Leigh, un réalisateur qui s'est spécialisé dans l'exploration des dysfonctionnements de la société anglaise. Cependant, le personnage emblématique de Polly tente par tous les moyens de garder le moral, tout en sachant que la vie n'est pas une rigolade et qu'en de rares occasions, son sourire désarmant ne fera pas l'affaire. Il est alors étonnant que la philosophie de vie insouciante de cette femme, optimiste malgré tout, ne se traduit pas par un film plus joyeux.
Sous le scalpel filmique de Mike Leigh, le destin de Polly prend en effet l'allure d'une bataille perdue d'avance. Les situations quotidiennes dans lesquelles il propulse sa protagoniste ne la font accéder à aucune lucidité ou désillusion supplémentaire. Arrêtée dans ses idées, que le monde est bien triste, mais que ce n'est pas une raison pour être moins joyeuse, Polly le traverse comme un électron libre, dans sa bulle de gestes enfantins et d'une désinvolture qui lui attire autant d'ennuis que de rencontres magiques. Polly est une femme qui sort indubitablement du lot, mais la façon dont la mise en scène de Mike Leigh l'accompagne et l'observe instaure plus une distance qu'une envie irrépressible de s'identifier à cette boule de nerfs.
En plus, la structure pondérante du film a tendance à s'éparpiller dans les moments incongrus, qui produisent parfois des instants magiques, mais qui n'approfondissent pas pour autant l'épaisseur dramatique du film. Ainsi, la rencontre nocturne avec le clochard, par exemple, est symptomatique de l'état d'esprit baladeur de Polly. Mais l'enchaînement de ces séquences plutôt anodines n'accroît ni la pertinence du constat social de Mike Leigh, ni le capital de sympathie du personnage principal.
Plus qu'un condensé de bons sentiments, Be happy est cependant le film de Mike Leigh qui nous a le moins intrigués jusqu'à présent. Notre érudition en vue de son oeuvre ne se base que sur désormais six films, mais nous préférons le comique tragique de Naked, Secrets et mensonges ou All or nothing aux gamberges sympathiques, quoique approximatifs, de ce film-ci.

Vu le 2 juillet 2008, au Club de l'Etoile, en VO

Note de Tootpadu: