
Titre original: | Tabarly |
Réalisateur: | Pierre Marcel |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 96 minutes |
Date: | 11 juin 2008 |
Note: | |
La vie du célèbre navigateur français Eric Tabarly, vue à travers des documents officiels ou personnels de l'époque. De son premier amour maritime pour le vieux bateau Pen Duik, qu'il allait chérir tout au long de sa vie et qui donnera le nom à ses cinq premiers bateaux de course, en passant par ses victoires de régates éclatantes et ses records de traversée inouïs, jusqu'à sa consécration internationale.
Critique de Tootpadu
Eric Tabarly, comme si vous y étiez ! Nous sommes bien sûr conscients du fait que le navigateur légendaire n'est pas une destination exotique et qu'il était au-dessus de l'agitation populaire et publicitaire qui se focalisait sur lui tout au long de son illustre carrière. Mais toujours est-il que ce documentaire remarquable confère une sensation de plongée irrésistible dans l'univers maritime de son sujet. Même sans connaître grand-chose à la voile, vous serez happés par la beauté majestueuse des images, qui n'a d'égal que dans l'état d'esprit naturel et réservé du héros des mers.
La démarche du réalisateur Pierre Marcel réussit grâce à deux partis pris, qui confèrent à son film une fraîcheur indéniable. En choisissant le point de vue d'Eric Tabarly en personne, Pierre Marcel se défait d'un seul coup du bagage formel encombrant du genre, qui a trop souvent recours à des entretiens de témoins de l'époque, au point de fournir à la fois la matière première et son analyse à travers le rétroviseur temporel. Ici, l'approche de Tabarly est beaucoup plus immédiate, avec pratiquement comme seul filtre la sélection du montage, qui respecte la plupart du temps un ordre temporel linéaire des événements. Et puis, les sources d'images retenues sont agréablement simples : soit des entretiens à la télé, soit des prises des différents exploits sportifs, dont seule la bande son a été soigneusement retravaillée. Cette authenticité n'est démentie que lors d'une seule séquence reconstituée et clairement annoncée comme tel. On pourrait même s'interroger sur la validité d'un tel écart, puisque l'évocation de la carrière et de la vie de Tabarly fonctionnait très bien sans pareil artifice jusque là. De même, la musique de Yann Tiersen, avec ses thèmes un peu trop sentimentaux, risque régulièrement de dénaturer le récit passionnant sur un homme, qui aurait probablement fui toute tentative de chantage sentimental.
Car dans l'ensemble, Tabarly est un exemple de sobriété filmique, en symbiose parfaite avec la personnalité qu'il décrit. L'essence d'Eric Tabarly, ou tout au moins la partie qu'il en laissait paraître en public, c'est-à-dire la philosophie d'un homme simple et habité par une passion exclusive, y apparaît dans toute sa clareté et sa beauté inspirante. Pierre Marcel ne s'est pas obstiné à disséquer la vie d'un homme d'exception dans tous les sens, afin de trouver la faille humaine, ni d'établir l'hagiographie ébahie d'un individu qui ne se sentait bien qu'à l'écart de la société, face aux éléments d'une nature déchaînée. Non, Tabarly est l'évocation, très digne et très sobre, d'un héros ordinaire, comme la France en aurait besoin plus souvent.
Vu le 28 mai 2008, à la Salle Pathé Lamennais
Note de Tootpadu: