Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal

Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal
Titre original:Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal
Réalisateur:Steven Spielberg
Sortie:Cinéma
Durée:123 minutes
Date:21 mai 2008
Note:
En 1957, le professeur Henry Jones et son ami Mac se font enlever par des agents russes. Jones, fin archéologue et aventurier à ses heures perdues, est obligé d'aider l'ennemi à trouver une mystérieuse relique dans un entrepôt secret de l'armée, près d'un site d'essais nucléaires. Echappé de justesse à ses ravisseurs, Jones devient par contre suspect aux yeux du FBI, qui organise son renvoi du Marshall College. Désormais sans travail et soupçonné de trahison, le professeur est sur le point de quitter le pays, lorsque Mutt Williams, un jeune motard crâneur, lui demande son aide. Mary, la mère de Mutt, et le professeur Oxley, un ami ancien de Jones, auraient été enlevés en Amérique du Sud, lorsqu'ils étaient à la recherche d'un légendaire crâne de cristal. Le professeur Jones paraît être la seule personne capable de leur venir en aide.

Critique de Tootpadu

L'apparition d'un petit tertre taillé violemment aux dimensions de celui de Rencontres du 3e type au premier plan de ces quatrièmes aventures d'Indiana Jones aurait dû nous mettre la puce à l'oreille. Tout comme ce qui suit immédiatement après : une course de voiture excitante et divertissante, sans le moindre fond scénaristique. Steven Spielberg est de retour ! Pas celui des oeuvres sociales ambitieuses et parfois pompeuses. Le réalisateur chevronné revient plutôt à ses premiers amours ici, à son admiration pour les films de genre de sa jeunesse et à son obsession avec tout ce qui touche aux forces extra-terrestres. En cela, ce film se rapproche le plus de Jurassic Park, avec lequel il partage des références fortes et jouissives vers tout ce que le cinéma populaire des années 1950 avait de naïvement trivial.
Spielberg revient aux joies simples du cinéma d'attraction à l'ancienne. Peu importe que le héros soit d'une longévité bluffante, au point que même la bombe atomique n'arrive pas à l'anéantir, que l'intrigue ne suive pas une logique scénaristique très élaborée, et que les personnages restent d'une superficialité efficace mais caricaturale : l'heure est désormais au divertissement à l'état pur. Cependant, Spielberg sait rester fidèle à l'univers de son personnage emblématique, à moins qu'il ne reste tout simplement fidèle à lui-même, puisqu'il ne cherche point à singer les codes des films d'action et d'aventure actuels. Non, Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal n'a rien en commun avec les exploits exaspérants de Benjamin Gates, par exemple, et grand bien a pris Spielberg de ne pas viser la surenchère vaine et ennuyeuse, mais plutôt la solidité artisanale d'antan.
Les renvois à l'histoire du cinéma sont ainsi plus ou moins subtils, mais rarement employés sans raison. La première apparition de Shia LaBeouf sur sa moto est certes un clin d'oeil appuyé à Marlon Brando dans C'étaient des hommes, avant que le jeune dur ne se mue en un successeur pas sans panache d'Errol Flynn. Et la participation de John Hurt fait écho à tant d'acteurs de renom, qui ont dû se contenter de seconds rôles ingrats, voire ridicules, à la fin de leur carrière. Enfin, Cate Blanchett et sa coupe à la Louise Brooks appartiennent à ces adversaires et leurs accessoires, qui s'affaiblissent au fur et à mesure que le héros et son entourage mettent en place la mécanique de leur collaboration collective.
Car Indiana Jones est loin d'être le sauveteur infaillible, qui vaincrait tout seul les forces du mal. La contribution de tous le mène à une conclusion bien méritée, à moins que cette porte ouverte vers un cinquième épisode ne veuille finalement dire tout et son contraire. Un peu comme le scénario dans son ensemble : hautement spectaculaire et divertissant, mais à aucun moment d'une logique à toute épreuve. Qu'à cela ne tienne, Spielberg nous en met quand même plein la vue et les oreilles. La qualité technique et narrative de l'exécution, entièrement irréfutable, est encore renforcée par la projection numérique au Max Linder, simplement resplendissante.
Et puis, comme pour presque chaque film de Steven Spielberg, le dénouement aurait dû nous poser de sérieux problèmes. Sauf qu'à force de voir les mêmes extra-terrestres débouler à tout bout de champ et de film en film, au point de se croire devant Mission to Mars de Brian De Palma, nous commençons à comprendre que cette croyance en une intelligence étrangère fait partie intégrante de l'univers du réalisateur. Spielberg ne serait donc ni un humaniste, ni un homme du spectacle, mais le meilleur ami des extra-terrestres, qui apporteraient une paix au monde, que les hommes sont incapables de s'administrer eux-mêmes. Nous ne partageons pas une telle lucidité d'illuminé, mais si elle prend une forme aussi luxueuse et intemporellement divertissante que dans le cas présent, nous serons les derniers à nous en plaindre !

Vu le 22 mai 2008, au Max Linder, en VO

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

A vrai dire, il m'aura fallu voir deux fois le dernier volet de la saga Indiana Jones, afin de faire cette critique. Ce film est diffusé dans nos salles actuellement sous sa forme classique (à l'image assez mauvaise et au son décevant) et sous sa forme numérique (aux son et image superbes). Ces deux visions, à deux jours d'écart, m'ont permis de mieux appréhender cette oeuvre.

Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal est le quatrième volet de la saga et il aura fallu dix-huit ans à Steven Spielberg pour la prolonger. Le premier volet, que j'ai bien dû voir une bonne trentaine de fois, est à mes yeux un vrai classique du film d'aventure, avec ses scènes cultes, son action sans temps mort, et son ironie présente à tous les niveaux. Le second volet est, selon moi, le meilleur de la saga par son approche beaucoup plus violente et adulte du personnage, notamment dans les scènes cultes de la descente en radeau, du repas, et des wagons dans la mine. Le troisième volet m'avait un peu déçu, car le rythme ne décollait pas, malgré la qualité de l'interprétation et la très bonne idée de nous dévoiler l'enfance de ce personnage et de nous présenter enfin son père (interprétation très convaincante de Sean Connery). Maintenant que le décor est planté, revenons à ce quatrième volet ...

Nous sentons tout d'abord que Steven Spielberg a fait ce film pour montrer à la nouvelle génération de spectateurs, née dans les années 90, et qui n'a pas pu voir les trois prédécents films autrement qu'en vidéo ou à la télévision, l'importance de voir un tel film dans les meilleures conditions possibles. Nous sommes en effet très loin ici du personnage de Benjamin Gates au scénario boursouflé. Steven Spielberg prouve de nouveau que pour réussir un film, il faut non seulement un bon scénariste (David Koepp en est la preuve, même si ici, son script n'est pas son meilleur), une bonne musique d'accompagnement pour renforcer les scènes fortes (combat, courses poursuites), pour laquelle il se repose une fois de plus sur son ami proche et compositeur dédié John Williams, mais surtout, qu'il faut des acteurs convaincants. Harrison Ford, Cate Blanchett et Shia LaBeouf sont de bons acteurs. Cependant, pour les aficionados, qui ont vu les précédents films en salle et en video à de multiples reprises, auront la sensation d'une semi-déception. La faute à une absence de rythme rapide, à l'opposé de la saga Jason Bourne, qui en est l'exemple le plus concret actuellement.

D'un autre coté, nous avons l'impression que le réalisateur se caricature tout au long de ce film et que son scénariste n'ait fait que rependre les scènes les plus marquantes des films précédents pour nous faire un film trop commercial, car cherchant à plaire à un maximum de personnes. La scène du hangar est donc une reprise de la première aventure, la scène de la poursuite en moto renvoie, elle, au troisième épisode, la scène de la visite du temple au premier film, la scène des trois chutes au début du deuxième film, et ainsi de suite. Ce manque de nouvelles idées fait que nous avons plus l'impression d'assister à une version "best of" des trois précédentes aventures qu'à un nouveau film !

Pourtant, nous passerons un bon moment de cinéma, car ce nouvel opus des aventures du plus célèbre des archéologues tient ses promesses et que, derrière la caméra, Spielberg navigue dans les années 50 avec élégance. Il a réussi à conserver le côté rétro de la saga et ajouté ce qu'il faut d'images numériques.

Ce film est donc à voir au cinéma absolument dans sa version numérique et avec l'esprit ouvert, car l'attente, qui fut trop longue pour tous les fans de cette saga, n'est pas à la hauteur du résultat final !

Vu le 21 mai 2008, au Gaumont Disney Village, Salle 11, en VF
Revu le 23 mai 2008, au Gaumont Disney Village, Salle 1, en VF et projection numérique

Note de Mulder: