
Titre original: | Maradona par Kusturica |
Réalisateur: | Emir Kusturica |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 97 minutes |
Date: | 28 mai 2008 |
Note: | |
Pendant deux ans, de 2005 à 2007, le réalisateur serbe Emir Kusturica a rencontré à plusieurs reprises l'ancien joueur de foot argentin Diego Maradona. Une figure mythique du sport depuis son but du siècle contre l'Angleterre à la Coupe du monde en 1986, Maradona a mal vécu sa retraite. Ancien toxicomane, il s'engage désormais dans l'activimse anti-américain en hommage à son idole Fidel Castro.
Critique de Tootpadu
Qu'est-ce qui est pire, un documentaire qui n'apporte rien de nouveau sur une légende du football ou un cinéaste, jadis acclamé, qui enchaîne les films décevants ? La réponse désolante à ces deux options se trouve réunie dans le portrait très approximatif qu'Emir Kusturica a l'air de dresser de l'idole Diego Armando Maradona. Si le dieu du foot y est présent à chaque instant et dans tous ses états, ce documentaire ne permet pas pour autant de mieux cerner une personnalité fugace, possédée par des démons personnels et habitée par la magie du ballon rond comme peu de sportifs l'ont été avant ou après lui.
Le plus frustrant, c'est que Kusturica ne semble jamais trop savoir où il veut en venir avec son film. Il a beau faire preuve d'admiration face à Maradona, son approche pour démasquer l'homme derrière le mythe est particulièrement peu efficace. Entre l'emploi répétitif du but du siècle, qui déclenche invariablement une animation infantile autour du prodigieux Argentin, vainqueur sans conteste de tous les puissants du monde occidental, et les rituels aberrants du culte religieux voué à Maradona, Kusturica ne trouve rien de mieux à faire que de pratiquer une auto-promotion plutôt honteuse. Quelle autre finalité en effet aux nombreux extraits des films du réalisateur qui émaillent le documentaire, que de créer artificiellement un lien poussif entre l'observateur et son sujet ?
Si seulement Kusturica se contentait d'observer la bête médiatique et son entourage. Indifférent à la moindre structure suivie et faute d'obéir à un schéma narratif pas forcément adapté au documentaire, le réalisateur s'adonne davantage à un assemblage décousu de renvois aux théoriciens sociaux et politiques de l'Amérique latine. Pas étonnant alors, que dans un tel désordre formel, la dimension humaine du pauvre Maradona ne gagne point en épaisseur. On sort donc ni plus instruit, ni plus lucide de ce documentaire sur un homme, qui est peut-être en fin de compte aussi peu intéressant sans son ballon que les reportages intéressés à son sujet de la presse populiste le laissaient croire.
Vu le 21 mai 2008, au Club de l'Etoile, en VO
Note de Tootpadu: