
Titre original: | Deux jours à tuer |
Réalisateur: | Jean Becker |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 84 minutes |
Date: | 30 avril 2008 |
Note: | |
Le week-end de son 42ème anniversaire, Antoine Méliot décide de tout plaquer. Il éprouve une envie profonde et pressante de vivre. Pour ce faire, il démissionne de son travail bien payé de créateur servile de publicité, il quitte sa femme qui le soupçonne d'infidélité et il dit ses quatre vérités à ses amis embourgeoisés, lors d'une fête d'anniversaire agitée. Après, il ne lui reste plus qu'à prendre le large.
Critique de Tootpadu
American Beauty à la française, suivi de la quiétude irlandaise d'Un taxi mauve : telle est la recette de ce drame plutôt poignant. Dommage alors que la patte de l'artisan populiste Jean Becker se fasse autant sentir, lors de la conclusion larmoyante, qui a l'avantage d'être expédiée rapidement. En terminant son film de la sorte, Becker mine malheureusement le propos contestataire tout à fait valide, par lequel son film s'était distingué auparavant.
La première partie de Deux jours à tuer, qui correspond pratiquement au premier jour, est en effet étonnant de franchise. L'abandon radical du faire semblant et des compromis ennuyeux de la part du protagoniste déclenche en effet des réactions violentes. Ce trublion qui n'éprouve plus le besoin d'être arrangeant, voire faux cul, révèle les imperfections d'une existence rangée et à l'abri de presque tout. Sa prise de conscience le libère, d'un seul coup, de tout ce qui pouvait lui peser au quotidien. Une fois les entraves à l'épanouissement personnel tranchées, Antoine est prêt à vivre réellement, sans faire semblant. Pour condenser cette liberté retrouvée, Jean Becker se sert d'une scène très touchante d'humanité, celle de l'auto-stoppeur chômeur.
Les choses commencent à se gâter légèrement à l'arrivée en Irelande. On comprend mieux le comportement imprévisible d'Antoine, dès qu'on peut y soupçonner une répétition involontaire des manquements de son propre père. La rébellion subit à cet instant un premier frein, qui relativise la franchise d'Antoine dans un contexte filial conflictuel. Ce n'est là, hélas, que le début d'une spirale vers le bas, qui se termine d'une façon, dont le parfum lourdement consensuel dément le défoulement salutaire du début. Si on avait su que la seule raison pour vouloir vivre était la peur de mourir, on aurait peut-être moins facilement adhéré aux tirades initiales contre l'ordre établi et finalement sauf.
Vu le 12 mai 2008, au MK2 Nation, Salle 4
Note de Tootpadu:
Critique de Mulder
Quoi demander de mieux au cinéma français qu'un film qui vous prend par la peau et vous attache et sensibilise, en vous touchant directement au cœur ! Ce film est l’un des plus poignant et bouleversant que j’ai pu voir récemment. Ce mérite revient à deux faits : un script parfait, dont l'intrigue nous interpelle (un homme pète les plombs et décide de redevenir le maître de sa vie), ainsi que l'interprétation poignante d’un des plus grands acteurs français Albert Dupontel, qui porte entièrement le film. Son jeu d’acteur, digne d'un César, fait de Deux jours à tuer un film profondément humain et émouvant.
De plus, grâce à un montage haché et maîtrisé, Jean Becker joue sur une vraie tension palpable avec habileté et sur le doute du spectateur, qui se demande s'il est face à un drame humain ou à une comédie de société. Les non-dits font que les personnages s'affrontent s’admirent et s’entretuent …
L'explication finale fait hélas tomber le film dans un cas de pathologie et nous laisse sur une fausse note. Reste que de tels films français sont rares et qu’il ne faut surtout pas bouder celui-ci.
A voir en salle !
Vu le 2 mai 2008, au Gaumont Disney Village
Note de Mulder: