Sans arme ni haine ni violence

Sans arme ni haine ni violence
Titre original:Sans arme ni haine ni violence
Réalisateur:Jean-Paul Rouve
Sortie:Cinéma
Durée:90 minutes
Date:16 avril 2008
Note:
Le 19 juillet 1976, le photographe Albert Spaggiari a défrayé la chronique. Avec l'aide de quelques amis de son temps de parachutiste pendant la guerre d'Indochine et l'assistance de la pègre locale, il a dévalisé la salle des coffres forts de la Société Générale à Nice. D'abord arrêté par la police, il réussit à s'enfuir et à mener les forces de l'ordre par le bout du nez. Depuis, cinq ans ont passé, et l'auteur du casse du siècle est toujours en cavale en Amérique latine. Vincent Goumard, un journaliste indépendant qui travaille pour Paris Match, vient à sa rencontre, afin de faire un entretien révélateur avec la star des hors-la-loi.

Critique de Tootpadu

Pour son premier film en tant que réalisateur, Jean-Paul Rouve a choisi un sujet qui lui ressemble. Derrière les grands airs du personnage qu'il interprète, se cache en effet une fragilité qui rend Rouve, comédien, aussi attachant dans ses autres films. Evidemment, les apparences doivent rester sauves, jusqu'à la preuve ultime de confiance et d'amitié envers son nouvel admirateur journaliste, mais la roublardise relève autant de la stratégie de fuite que les fausses barbes et les rendez-vous fixés au dernier moment. Dans cette sympathie, qui dépasse les apparences et l'apologie du crime, réside probablement la qualité principale de ce premier film passablement divertissant.
Car les capacités de réalisateur de Jean-Paul Rouve sont presque paresseusement ménagées dans cette histoire d'un bandit sur le déclin. Entre le revirement loin d'être spectaculaire ou ingénieux et les retours en arrière très conventionnels, qui évoquent le passé glorieux de Spaggiari, on a le droit de préférer la reconstitution plutôt fidèle d'une époque, à commencer par le générique dans le style du cinéma populaire des années 1980. Mais comme ces films d'une autre ère, Sans arme ni haine ni violence a un peu tendance à s'éterniser inutilement, faute d'enjeux scénaristiques ou formels engageants.
L'interprétation des rôles principaux, solide mais guère exceptionnelle, n'est que peu perturbé par des apparitions éclairs, dont le seul intérêt est de voir à quel point ce nouveau réalisateur pas trop prometteur est bien intégré dans le cinéma français d'un Gérard Depardieu et consorts.

Vu le 7 avril 2008, à l'Elysées Biarritz

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

Petit rappel, issu du dossier de presse très bien conçu du film :
« Albert Spaggiari est né dans le village de Laragne-Montéglin. Après des années de voyages, d'errances et de guerre (L'Indochine en tant que Para), il s'installe à Nice et y ouvre un studio de photo. En 1976, après avoir longuement et ingénieusement réfléchi, il décide de s'attaquer à la chambre forte de la Société Générale de Nice par les égouts. Avec du bon sens (il vérifiera les systèmes de détection sismique et acoustique grâce à un réveil caché dans un coffre loué, il se fournira des alibis) et un bon coup de pelle (il creusera accompagné de gangsters professionnels recrutés sur Marseille et de quelques amis d'aventures), au bout de trois mois, il accédera à la salle des coffres ! C'est ainsi qu'au cours du week-end du 17-18-19 juillet 1976, il dérobera près de 50 millions de francs ! Au lundi matin, ce que les employés de la Banque trouvèrent, eux, ce fut juste un mot : Ni arme, ni violence et sans haine. Après enquête, Albert Spaggiari fut arrêté à l'aéroport de Nice. Il choisira pour sa défense Maître Jacques Peyrat, futur Maire de Nice. Celui-ci ne put jamais le défendre car au cours d'une audience avec le juge, le 10 Mars 1977, Albert Spaggiari s'évada en sautant par la fenêtre. À partir de là, commença pour lui une cavale médiatique. En effet, durant des années, il narguera la police française en écrivant des livres chez Albin Michel, en donnant des interviews pour Pivot, ou en envoyant chaque année, ses voeux au Président. Sa cavale, si elle fut médiatique et ensoleillée (il choisit comme de nombreux criminels l'Amérique du Sud, si souple en la matière), fut aussi de courte durée, car la maladie le rattrapa. C'est le 8 juin 1989, en Italie dans un village de montagne où il s'était réfugié avec sa femme qu'il s'éteindra. »

Jean-Paul Rouve, en attaquant son premier film, aurait pu réaliser une simple petite comédie, à la manière des Robin des Bois. Mais vu l’échec cuisant du film que je rebaptiserais Aaaaargghhh, il a eu la bonne idée de remonter le défi d’un cran, en nous présentant une biopic d’un des génies de ce siècle, qui a réalisé l’un des plus beaux casses de notre histoire. Ce film suit donc le parcours d’un journaliste parti en Amérique du Sud, faire l’interview de Spaggiairi, qui découvre un personnage haut en couleur et adorant se grimer pour passer inaperçu.

Pratiquement tout le film repose sur trois personnages très bien campés : Spagiarri (Rouve), Vincent, un reporter de Paris Match (Lellouche) et la femme du premier (la superbe Taglioni). Le journaliste, au fur et à mesure, se prend d’amitié pour ce génie du vol et réussira même à lui sauver la vie. En effet, nous savons que Spaggiari n’a jamais été emprisonné longtemps pour ce vol de 50 millions de francs.

De ce film, nous retiendrons surtout le pari réussi de Jean-Paul Rouve de rendre hommage à son personnage et à nous intéresser tout au long d’une heure et demie pour cet individu hors du commun.

Vu le 2 avril 2008, à l'Elysées Biarritz

Note de Mulder: