Arrête-moi si tu peux

Arrête-moi si tu peux
Titre original:Arrête-moi si tu peux
Réalisateur:Steven Spielberg
Sortie:Cinéma
Durée:135 minutes
Date:12 février 2003
Note:
Au début des années 1960, le jeune Frank Abagnale Jr. subit de plein fouet la faillite du petit magasin de son père. Contraint d'emménager dans un appartement plus modeste que la demeure familiale, saisie par le fisc, Frank devra également s'intégrer dans une nouvelle école. Mais au lieu de se soumettre au bizutage de ses nouveaux camarades, Frank se fait passer pour le remplaçant du prof de français. Suite au succès de cette première imposture, Frank voit de plus en plus grand et, après le divorce de ses parents, s'installe à New York, où il mène une existence aisée en forgeant des chèques. Mais le FBI, en la personne de l'agent Carl Hanratty, se met rapidement aux trousses de ce caméléon, qui n'hésite pas à prendre l'identité d'un pilote d'avion, d'un médecin de garde et d'un procureur.

Critique de Tootpadu

Le moins que l'on puisse dire, c'est que Steven Spielberg n'est pas vraiment réputé pour ses comédies. Entre le 1941 de triste mémoire et des contes plutôt sirupeux comme Always, la main du maître n'a jamais vraiment excellé dans le domaine de l'humour, un genre dans lequel il est en fin de compte plus difficile de briller qu'en créant des aventures fantastiques ou en chargeant émotionnellement le discours social. Peut-être que le style de Spielberg est depuis toujours trop sérieux et accablé d'une emphase léchée pour monter sans encombre dans les hauteurs aérées de la comédie légère.
Cette comédie avec quelques accents dramatiques et une conclusion bien édifiante, comme il se doit, ne relève pas non plus complètement le défi. Le soin indéniable que Spielberg apporte à la forme, à commencer par la photo contrastée de son fidèle Janusz Kaminski, qui étincelle un peu gratuitement tel un sapin de Noël, freine ainsi régulièrement le flux de la narration. Et la structure du scénario a au moins le mérite de nous préparer très tôt au dénouement loin d'être spectaculaire, ce qui est hélas la règle chez Spielberg.
Néanmoins, Arrête-moi si tu peux est en quelque sorte une variation moins grave, et absolument plaisante, des thèmes soulevés dans Le Talentueux Mr Ripley de Anthony Minghella. Dans les deux films, le jeune protagoniste prétend être quelqu'un, à l'identité de qui ses origines et son quotidien sans gloire ne le prédisposaient nullement. Cette fuite de sa propre banalité, ainsi que l'aspiration aux valeurs matérielles au début, et aux émotions plus sincères par la suite, hélas désormais rendues impossibles par l'envergure que la superchérie a prise, rassemble ses deux oeuvres emblématiques sur le reniement de la réalité. Tout y est méprise et suspicion, jusqu'à la perte irrémédiable du héros dans son réseau de mensonges, si ce n'était pour la bonne volonté toujours triomphante de Spielberg dans le cas présent.
Enfin, en dépit d'une photo effectivement un peu trop clinquante et une bande originale enjouée, sur laquelle repose parfois toute la responsabilité pour un ton enlevé, ce film séduit parfaitement. Surtout l'interprétation très touchante de Christopher Walken dans le rôle du père lui confère une charge émotionnelle, qui manque un peu aux rôles un brin caricaturaux de Leonardo DiCaprio et de Tom Hanks.

Revu le 4 avril 2008, en DVD, en VO
Revu le 23 août 2010, en DVD, en VO
Revu le 28 juin 2011, en DVD, en VO

Note de Tootpadu: