There Will Be Blood

There Will Be Blood
Titre original:There Will Be Blood
Réalisateur:Paul Thomas Anderson
Sortie:Cinéma
Durée:158 minutes
Date:27 février 2008
Note:
Daniel Plainview est à la recherche de l'or noir depuis de nombreuses années, lorsque le fils du fermier Sunday lui propose d'en extraire chez lui, au Texas. Alors que le prospecteur dispose déjà de quelques puits plutôt profitables, il flaire la possibilité de faire fortune, grâce au pétrole de cette région. Plainview achète les droits d'exploitation, sans se douter de l'opposition du jeune Eli Sunday, un prédicateur qui souhaite soutenir financièrement son église à travers cette transaction lucrative.

Critique de Tootpadu

Paul Thomas Anderson a atteint un degré de maturité artistique avec son cinquième film, qui est d'autant plus faramineux et étonnant que ses réalisations précédentes nous avaient plutôt laissé sceptiques, quant à l'originalité et au style du cinéaste. Avec cette adaptation majestueuse et pessimiste d'un roman d'Upton Sinclair, Anderson dresse un portrait inquiétant, mais probablement pas très loin de la réalité, de la course à la fortune et à la puissance économique dans les Etats-Unis du premier tier du siècle passé. Plus qu'une évocation historique soignée, There Will Be Blood se distingue également avec force par son protagoniste proprement démoniaque.
Ce Daniel Plainview, que Daniel Day-Lewis interprète avec une intensité phénoménale, est peut-être le personnage le plus complexe et fascinant, que le cinéma américain nous a concocté depuis longtemps ! Dévoré de l'intérieur par une ambition sans bornes et par un état d'esprit misanthrope, qui se cache tant bien que mal derrière une politesse calculatrice, cet entrepreneur vorace est l'incarnation parfaite de ce que le rêve américain a de plus impitoyable. Constamment sur ses gardes et décidé d'aller jusqu'au bout de ses projets (voir la magnifique et longue séquence du début), Plainview est un être profondément complexé et sans doute au moins passablement fou. Mais sa mégalomanie et son assurance d'avoir tout ce qu'il désire ne lui réservent pas un destin plus glorieux que celui de Charles Foster Kane dans le film d'Orson Welles, auquel la dernière partie du film fait ouvertement référence.
Paul Thomas Anderson mène son récit avec un souffle épique, qui n'est ni bombaste, ni tout à fait intimiste. Sa narration fait plutôt preuve d'un ton particulier, d'un recul de l'observateur dont la distance ne préserve guère le spectateur de quelques plongées vertigineuses dans la folie, la violence et le calcul froid comme la mort de Plainview. Anderson sait de même soutenir la tension et le mystère, à travers un jeu habile sur les doubles et le renvoi préoccupant de mensonges et de stratagèmes égoïstes dans un univers exempt de valeurs rédemptrices.
Enfin, la bande originale atypique, mais très efficace, de Jonny Greenwood, la photo de Robert Elswit assez proche de la beauté plastique des films de Terrence Malick, le montage dynamique et dépourvu d'effets gratuits de Dylan Tichenor et les décors de Jack Fisk contribuent tous avec excellence à l'aspect magistral de ce chef-d'oeuvre sur le côté sombre de l'idéal américain.

Vu le 24 mars 2008, au Max Linder, en VO

Note de Tootpadu: