
Titre original: | Sac de noeuds |
Réalisateur: | Josiane Balasko |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 88 minutes |
Date: | 20 mars 1985 |
Note: | |
Rose-Marie et Anita, voisines dans un immeuble morne de la banlieue parisienne, sont deux femmes qui n'ont plus grand-chose à perdre. Alors qu'Anita tente de se suicider, parce qu'elle en a marre de la vie et qu'elle est fauchée, elle est dérangée par Rose-Marie, qui fuit son mari, un gendarme violent et alcoolique. Ensemble, les deux femmes désabusées prennent la route, avec comme seule source de revenu des braquages de plus en plus fréquents, qui leur rapportent bien plus de sous que la prostitution artisanale. Elles recueillent malgré elles Rico Da Silva, un petit voyou qui s'est échappé accidentellement de prison, alors qu'il n'avait plus que trois semaines à tirer.
Critique de Tootpadu
L'irrévérence et l'anarchie sont reines dans ce premier film réalisé par Josiane Balasko. A l'image de ses héroïnes, qui ne connaissent d'autre valeur que la solidarité entre voyous amateurs et le besoin incessant d'argent, Sac de noeuds ne se soucie guère d'une moralité fine ou d'une esthétique léchée, à la mode au milieu des années 1980. L'humour gras et le pied de nez aux forts et puissants de ce monde y font d'autant plus rire, qu'ils ne se prennent jamais complètement au sérieux.
Car le périple d'Anita et de Rose-Marie, une anticipation bien française de Thelma et Louise, excelle autant dans la démesure potache que dans le commentaire social acerbe. Chaque fois que les trois brigands improvisés se font devancer, notamment Rico qui est le dernier à attacher encore un peu d'importance à son intégrité sociale et sexuelle, c'est par les professionnels du crime, des individus qui en commettent dans une simple logique commerciale ou viscérale, comme d'autres vont travailler aux heures de bureau. L'état d'esprit de la bande des paumés est tout autre. Tous les moyens minables sont bons pour arriver à leurs fins. Mais ces dernières ne relèvent pas d'un mercantilisme vicieux ou d'une exploitation sexuelle forcée, comme c'est le cas pour leurs concurrents infiniment moins bordéliques et débridés. Non, ils aspirent à des choses aussi basiques que la revanche pour un enfant décédé, les retrouvailles d'une femme qui a perdu de son innocence et la fuite d'une relation violente de couple.
L'interprétation joyeusement caricaturale d'Isabelle Huppert en poupée Barbie pas complètement idiote, et celle toujours aussi grincheuse de Balasko, avec en prime un Farid Chopel plus que craquant, le tout sur un ton tellement enlevé et contestataire que même les blagues prévisibles passent : que demander de plus pour passer un moment hautement divertissant ? Peut-être que dans toute cette libération sexuelle, le seul personnage homosexuel ne soit pas un cambrioleur bon vivant et affublé d'un chien hideux, qui a besoin du viol aux toilettes d'autoroute pour assouvir son désir d'hommes ...
Vu le 15 mars 2008, à la Maison des Arts, Créteil, Grande Salle
Note de Tootpadu: