Titre original: | No Country For Old Men |
Réalisateur: | Joel Coen, Ethan Coen |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 122 minutes |
Date: | 23 janvier 2008 |
Note: | |
De retour d'une partie de chasse en plein désert de la Nouvelle Mexique, Llewelyn Moss tombe sur les vestiges d'un trafic de drogues qui a mal tourné. Parmi les cadavres et les voitures criblées de balles, il trouve une mallette avec une forte somme d'argent dedans. Moss s'en empare, mais rapidement une bande de trafiquants mexicains et le tueur diabolique Anton Chigurh se mettent à ses trousses. Alors que Moss a du mal à garder toujours un pas d'avance sur ses poursuivants, le shérif vieillissant Ed Tom Bell tente de le mettre à l'abri.
Critique de Tootpadu
Il y a un peu de tout dans ce film des frères Coen, qui était revenu bredouille de Cannes l'année passée, mais qui devrait en toute probabilité recevoir le couronnement suprême à Hollywood d'ici demain matin. Au début, les plans magnifiques du désert de la Nouvelle Mexique rappellent forcément le souffle épique avec lequel John Ford captait jadis ce décor majestueux et hostile à la fois. Et le suspense, que dégagent les meilleures séquences du jeu du chat et de la souris entre Moss et Anton Chigurh, est digne des chefs-d'oeuvre d'Alfred Hitchcock. Les frères Coen y appliquent les règles du genre avec une perfection bluffante, qu'on n'osait plus espérer revoir depuis les sommets du travail de Don Siegel dans les années 1970.
Puis, tout d'un coup, le rythme diabolique s'essouffle sans crier gare. La conclusion et, déjà auparavant, ce qui aurait dû être le règlement de comptes culminant constituent une rupture de ton nette et pas forcément satisfaisante. La dynamique narrative se trouve subitement inversée et les impératifs de l'intrigue s'engagent dans un bouleversement, qui laisse tourner en roue libre le moteur incontestable de l'action précédente. Les frères Coen n'y procèdent pas tant comme un Apichatpong Weerasethakul, par exemple, qui aime bien recommencer son récit au milieu du film, en jouant sur des variations plus ou moins abstraites de la première partie. Le ralentissement notable du souffle narratif, jusque là impressionnant d'intensité, s'apparente davantage à un délaissement volontaire de la partie spectaculaire de l'histoire, sur laquelle tout paraît désormais être dit, au profit du personnage calme et réfléchi, qui était jusqu'à présent resté en retrait.
Sauf que le changement du point de vue ne se traduit pas par un regain de vigueur du récit. Au contraire, le vieux shérif part à la retraite, et commence à sombrer dans la vacuité de la vie inactive, lorsque le film se termine abruptement. En tant que contraste exacerbé à l'agitation meurtrière, qui avait secoué le film jusqu'à un certain moment, cette pirouette narrative peut encore paraître raisonnable. Mais elle clôt d'une manière trop calme et anodine une histoire, qui se nourrissait justement d'une grandiloquence de la violence finement orchestrée.
Vu le 23 février 2008, au MK2 Bibliothèque, Salle 12, en VO
Note de Tootpadu: