Eté indien (L')

Eté indien (L')
Titre original:Eté indien (L')
Réalisateur:Alain Raoust
Sortie:Cinéma
Durée:104 minutes
Date:19 mars 2008
Note:
Hors saison, René vit tant bien que mal des petits boulots que la municipalité lui confie, dans la petite station des Alpes du Sud où il habite depuis longtemps. Seules les visites de sa fille Suzanne les week-ends lui changent de son quotidien tranquille. Mais Suzanne pense à s'installer dans la caravane de son copain Camille, un jeune collègue de René. Ce dernier éprouve alors une peur profonde de voir partir sa fille, de la même façon que sa femme l'avait quitté treize ans plus tôt.

Critique de Tootpadu

Alain Raoust laisse le temps à la contemplation dans son nouveau long-métrage. En témoigne pour commencer ce premier plan étrangement apaisant de la neige qui tombe d'un ciel d'hiver. L'Eté indien n'est pourtant nullement un film pondérant ou abstrait. Il fait plutôt partie de ces oeuvres, qui nous tiennent particulièrement à coeur, parce qu'elles savent allier une expression filmique simple et belle avec une histoire tout aussi belle et émotionnellement bouleversante.
Au centre du film se trouve un personnage renfermé et antipathique, si ce n'était pour l'interprétation magistrale de Johan Leysen. A première vue, il n'y a pas grand-chose à aimer dans cet homme hanté par un passé peu glorieux, et accablé par un présent qui ne l'est pas davantage. Mais l'intensité calme, avec laquelle ce personnage typique de l'ermite des montagnes est joué par Leysen, dans toute sa douleur intériorisée et sa conscience d'une vie qui lui file depuis toujours entre les mains, est proprement enthousiasmante.
Le réalisateur laisse de la place et du temps à son personnage conflictuel. Mais il sait également l'intégrer dans un cadre naturel, photographié sans artifice dans toute sa splendeur. Outre le tour de force de Leysen, et les retrouvailles avec la jeune garde prometteuse du cinéma français, incarnée ici par le séduisant Guillaume Verdier et Deborah François, c'est cet aspect du film qui nous a le plus subjugués. Ainsi, dans le style de Raoust, il existe autant une vision personnelle du monde qu'une représentation qui sait en apprécier la beauté à l'état pur.

Vu le 21 février 2008, au Club Marbeuf

Note de Tootpadu: