
Titre original: | Ronde de nuit (La) |
Réalisateur: | Peter Greenaway |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 140 minutes |
Date: | 27 février 2008 |
Note: | |
Amsterdam, 1642. Le peintre Rembrandt Van Rijn est au sommet de son art. Sur l'insistance de sa femme enceinte Saskia, il accepte de peindre un tableau de groupe à l'honneur de la milice civile de la riche ville portuaire. Avant même de s'attaquer à la toile de "La Ronde de nuit", Rembrandt apprend l'assassinat du capitaine, qui aurait dû être au centre de ce travail de commande. Son remplaçant Frans Banning Coq serait à la tête d'un complot, dans lequel la plupart des notables de la ville seraient impliqués. Le peintre se sert alors de son art pour accuser les assassins présumés.
Critique de Tootpadu
Peter Greenaway n'a jamais vraiment été un cinéaste, mais plutôt un artiste qui exprime son mélange personnel des différentes disciplines créatives à travers un collage sur grand écran. Son dernier film ne fait point exception à la règle, puisqu'il puise son inspiration dans la peinture et le théâtre pour évoquer le destin d'un des artistes les plus célèbres de l'histoire de l'art européen. Plus que la dramatisation du genre d'émission ludique que regardent les étudiants en première année, qui explique la genèse et les particularités d'un tableau connu, La Ronde de nuit n'arrive cependant jamais à percer le mystère de la création et son pouvoir polémique.
La démarche de Greenaway est une fois de plus trop conceptuelle et figée pour rendre vivante cette histoire d'époque. Sa série de tableaux animés est certes beau à voir, mais à force de tourner en rond et à se complaire dans l'association d'idées élevées et charnelles dont le réalisateur détient le secret, elle finit étouffée par sa propre abstraction. Ni tout à fait un traité théorique, ni le détournement d'oeuvres d'art emblématiques vers une débauche visuelle de nus gratuits, à laquelle on s'attend depuis le temps de la part de Peter Greenaway, ce film s'installe dans une neutralité de ton sans verve artistique. Rien que le regard détaché du réalisateur, qui place sa caméra le plus souvent loin de l'action et des personnages, pour mieux les cerner dans le décor théâtral, empêche tout investissement sentimental ou intellectuel dans une intrigue pas sans intérêt, dans sa description des mécanismes sociaux de l'époque.
Un peu de peinture, un peu de théâtre, un peu de théorie historique : une fois de plus Peter Greenaway fait preuve d'éclectisme dans le choix de ses inspirations. Mais il ne réussit toujours pas à les fusionner dans l'oeuvre d'art ultime : celle qui exprimerait l'essence même de l'Art à travers le cinéma, auquel il paraît aspirer depuis très longtemps, sans succès.
Vu le 6 février 2008, au Club de l'Etoile, en VO
Note de Tootpadu: