Titre original: | Femmes de l'ombre (Les) |
Réalisateur: | Jean-Paul Salomé |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 117 minutes |
Date: | 05 mars 2008 |
Note: |
Vu le 4 février 2008, au Club 13
Note de Tootpadu:
Le cinéma français est dans une grave crise depuis une bonne vingtaine d'années. Rares sont les bons films français qui restent ancrés dans nos mémoires. De plus, les seuls bons réalisateurs français sont vite contactés par les grands studios américains, également en crise (la grève des scénaristes, la hausse des salaires des comédiens, le non-renouvellement de grands réalisateurs). Dans ce contexte, nous sommes de plus en plus indignés face aux mauvais scénarios que nous subissons de film en film français. Rares sont les comédies réussies (exception faite de quelques films comme OSS 117), et les films de guerre français sont une denrée pratiquement inexistante. Que pouvions-nous attendre alors du nouveau film de Jean Paul Salomé ? Ses derniers films ont eu peu de succès (Arsène Lupin, Belphégor), voire ont été calamiteux (Restons groupés, Les Braqueuses, Belphégor).
Pourtant, la surprise est là : ce film est un des meilleurs films français que nous avons pu voir dans nos salles. Non seulement, notre attention est soutenue tout au long de ce très bon film mais en plus, nous avons enfin un film de guerre français capable de rivaliser avec les Il faut sauver le soldat Ryan et Le jour le plus long américains.
Le succès de cette réussite vient de l'histoire racontée ici. Engagée dans la résistance française, Louise s’enfuit à Londres après l’assassinat de son mari. Elle est recrutée par le SOE, un service secret de renseignement et de sabotage piloté par Churchill. Dans l’urgence, on lui confie sa première mission, l’exfiltration d’un agent britannique tombé aux mains des allemands alors qu’il préparait le débarquement sur les plages normandes. L’homme n’a pas encore parlé mais le temps presse. Louise doit d’abord constituer un commando de femmes spécialement choisies pour les besoins de l’opération. Pour le recrutement, tous les moyens sont bons : mensonges, chantage, remises de peine. Elle engage Suzy, danseuse de cabaret qui excelle dans l’art de séduire les hommes ; puis Gaëlle, chimiste, spécialiste en explosifs ; enfin, Jeanne, prostituée, capable d’assassiner de sang froid. Parachutée en Normandie, elles sont rejointes par Maria, juive italienne, opérateur radio et dernière pièce du dispositif. La mission commence bien mais se complique très vite. Contraintes de retourner à Paris, le SOE leur fixe un nouvel objectif, presque suicidaire : éliminer l’une des pièces maîtresses du contre-espionnage nazi, le colonel Heindrich. L’homme en sait déjà trop sur les préparatifs du débarquement. Cinq femmes, loin d’être des héroïnes, mais qui vont le devenir.
Comme en témoigne le synopsis, ce film est plein de rebondissements, les décors soignés, l'interprétation de Sophie Marceau, Julien Boisselier, et Déborah François est réellement convaincante et nous fait rentrer de plein fouet dans ce drame. Le réalisateur a même réussi à donner à Julie Depardieu un de ses meilleurs rôles sur grand écran (certes loin derrière les acteurs et actrices précédemment cités). Mon attention s'est surtout tourné vers le jeu tout en retenue d'une des meilleures actrices françaises de sa génération : Marie Gillain. Ce film fait d'elle une vraie actrice adulte, et je ne peux lui souhaiter que la carrière d’Isabelle Adjani, mais au vu du choix de ses films, je pense que c'est en très bonne voie. Elle est non seulement convaincante dans une comédie (Mon père ce héros, La Vie n'est pas une comédie romantique), mais aussi dans un drame (l'excellent Appât, Le Dernier harem, Holy Lola).
Ce film est donc un vrai film d'un réalisateur qui a corrigé ses tics et les erreurs de ses anciens films pour réaliser une vraie œuvre d'auteur, un film dramatique, qui nous a touchés et émus.
Vu le 16 janvier 2008, au Club 13
Note de Mulder: