Lady Jane

Lady Jane
Titre original:Lady Jane
Réalisateur:Robert Guédiguian
Sortie:Cinéma
Durée:102 minutes
Date:09 avril 2008
Note:
Muriel ne vit que pour son fils Martin et la petite parfumerie qu'elle tient à Aix. Tout s'écroule alors pour elle, lorsqu'elle apprend que Martin a été enlevé et qu'il ne lui sera rendu que contre une rançon de 200 000 €s. Les seules personnes capables d'aider Muriel dans cette situation, ce sont François et René, avec lesquels elle avait formé une bande redoutable de braqueurs quinze ans plus tôt, mais qu'elle n'a plus revus depuis.

Critique de Tootpadu

Robert Guédiguian reste fidèle à son décor et ses comédiens habituels avec son nouveau film, en compétition au Festival de Berlin. Quant au genre, il s'éloigne un peu de ses contes de misère sociale dans les calanques, pour nous pondre un récit sombre sur l'engrenage inextricable de la violence et de la vengeance.
Le ton du film est parfaitement résumé dans la citation d'un proverbe arménien, sur une mouche qui se cogne contre la vitre alors que la porte est grande ouverte, comme symbole de la vanité de tout désir de vengeance. Ce texte, mis à la fin du film, aurait peut-être eu plus d'impact en exergue, tant son pessimisme aurait été capable de renforcer encore le sentiment d'impuissance du trio de personnages principaux. Cette sensation n'est jamais plus cruelle et choquante qu'au moment clef du film, un sursaut tragique et malgré tout imprévisible comme nous n'en avons plus subi au cinéma depuis Caché. A cet instant précis, tout s'écroule, y compris l'intensité et l'intérêt du récit, qui se transforme par la suite en une quête de vengeance passablement morbide.
Auparavant, Robert Guédiguian nous fait bien sentir qu'aucun des personnages n'est blanc comme neige. Ils mènent tous, d'une façon ou d'une autre, leur petit bizness et leurs réactions instinctives, face au rapt d'un des leurs, démontrent parfaitement leur adhésion à un système de justice parallèle. C'est dans ces moments d'une action douteuse et résignée que la mise en scène allie le mieux l'intrigue policière, de laquelle par ailleurs la police est pratiquement absente, et le drame personnel sur le retour dévastateur d'un passé faussement glorieux et nostalgique. Par contre, le flux narratif et les transitions entre les séquences, particulièrement abruptes, ne font pas preuve de la même subtilité.
Enfin, on ne change pas une équipe qui gagne. Et c'est donc la bande familière de l'univers de Guédiguian, de Jean-Pierre Darroussin jusqu'à Gérard Meylan, en passant par la toujours aussi sincère Ariane Ascaride, qui se retrouve ici dans une forme tout à fait convenable.

Vu le 17 janvier 2008, au Club de l'Etoile

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

Un bon critique de cinéma se doit de voir tous les genres de films, même s’il préfère certains genres jugés mineurs dans le canon officiel, comme les films d’aventures, de science-fiction, ou d’horreur. Je dois reconnaître également que je suis loin d'aimer ce que devient actuellement le cinéma français, c'est-à-dire sa mise en avant au maximum du casting des acteurs, au détriment d'un scénario bien construit et d'une réelle interprétation inspirée. Nous voyons en effet de plus en plus les acteurs connus avoir de moins en moins de texte à apprendre. Je trouve cela dommage, car rares sont les films de genre français réussis. Le dernier bon polar que nous avons pu ainsi voir est 36 quai des orfèvres de Olivier Marchal.

Ce film de Robert Guédiguian tombe donc assez bien, car il nous permet de voir où en est le cinéma indépendant en France et il faut reconnaître que ce petit film ne manque pas de charme. Le scénario est ainsi bien travaillé, les acteurs jouent réellement et ont de véritables discours (Jean-Pierre Darroussin est une nouvelle fois excellent). Certes, ce film ne restera pas dans nos mémoires, mais se laisse voir avec plaisir.

Cet honnête thriller français de Robert Guédiguian, qui passera sûrement sur arte, sera un film à voir chez soi, et non pas au cinéma.

Vu le 17 janvier 2008, au Club de l’Etoile

Note de Mulder: