Barry Lyndon

Barry Lyndon
Titre original:Barry Lyndon
Réalisateur:Stanley Kubrick
Sortie:Cinéma
Durée:185 minutes
Date:08 septembre 1976
Note:
Dans l'Irlande du XVIIIème siècle, le jeune Reymond Barry est épris de sa cousine Nora Brady. Celle-ci est promise à l'officier anglais John Quin, que Barry ne tarde pas à provoquer en duel. Obligé de s'enfuir à Dublin après avoir grièvement blessé son adversaire, Barry est dévalisé sur la route. Il ne lui reste alors plus qu'à s'engager dans l'armée anglaise pour se faire oublier. Face à une mort certaine sur le champ de bataille, Barry décide de déserter et se retrouve en Prussie. Mais son périple à travers l'Europe et son ascension sociale n'y font que commencer.

Critique de Tootpadu

Barry Lyndon est sans doute le film de Stanley Kubrick qui nous procure le moins de plaisir cinématographique. Même ses oeuvres les plus inégales, comme Full Metal Jacket ou Orange mécanique, ont su attirer notre attention à un moment donné. Cette évocation épique de la vie d'un parvenu irlandais plutôt minable avance cependant avec une fadeur distante, qui nous garde pendant trois longues heures à l'extérieur du récit.
L'ambition de Kubrick de s'inspirer de la peinture anglaise échoue autant que celle, semblable, de Jane Campion dans La Leçon de piano. Une suite ininterrompue de tableaux n'assure pas forcément un flux narratif engageant. La composition des plans se prête même assez mal ici à la création d'une tension quelconque. La caméra vague mollement à travers les décors d'époque, avec une absence de précision et de focalisation, qui correspondent certes aux vagabondages du personnage principal sans attrait, mais dont l'aspect visuel privilégie une sensation du vide assez ennuyeuse.
Les ficelles narratives de Kubrick sont également loin d'être astucieuses. L'emploi permanent de la voix off, qui explicite inutilement certains détails et qui révèle même la conclusion longtemps avant qu'elle n'apparaisse à l'écran ("Barry Lyndon allait mourir seul, pauvre et sans enfants."), en est la plus agaçante. La présence insistante d'une musique classique, devenue trop familière depuis la sortie du film, accentue encore l'impression d'une mise en scène, qui dirige le souffle épique avec infiniment moins de verve que dans Spartacus, une autre épopée fidèle au genre, qui savait au moins détourner ses faiblesses et les transformer en qualités.
A l'image du Tom Jones de Tony Richardson, une histoire bucolique anglaise tout aussi insatisfaisante, le récit très distant et sans point de vue esthétique ou moral clair, nous laisse observer sans états d'âme le parcours d'un héros point glorieux, mais entièrement fade. Peut-être est-ce dû aux limitations du jeu de Ryan O'Neal, mais son personnage nous laisse aussi indifférents que le reste d'individus lâches, mesquins et hystériques qui peuplent le récit. A moins que Kubrick n'ait voulu justement critiquer la vanité et la raideur empoudrée de l'aristocratie européenne de l'époque qu'il évoque, son film se résume donc à cela : des agissements bas et intéressés dans de jolis costumes, qui ne donnent à aucun moment l'impression d'être au coeur de l'action ou d'une époque révolue.

Vu le 1er janvier 2008, au Max Linder, en VO

Note de Tootpadu: