It's a Free World ...

It's a Free World ...
Titre original:It's a Free World ...
Réalisateur:Ken Loach
Sortie:Cinéma
Durée:95 minutes
Date:02 janvier 2008
Note:
Angie, une jeune femme entreprenante, vient de se faire virer de son énième job, en tant que recruteur de travailleurs temporaires en Pologne. Puisqu'elle en a marre de toujours recevoir des ordres et de travailler sous des supérieurs indignes, elle décide d'ouvrir sa propre agence de recrutement, avec sa colocataire Rose. Après des débuts difficiles, l'affaire des deux femmes commence à marcher, grâce à quelques arrangements à la limite de la légalité.

Critique de Tootpadu

Pour suivre sa Palme d'or, Ken Loach reste fidèle à son approche engagée de la vie sociale anglaise. En même temps, ce pourfendeur d'injustices sociales exemplaire, et peut-être le seul d'envergure qui reste, tous pays confondus, se fait toujours aussi peu d'illusions sur le mode opératoire impitoyable et cruel de la vie économique occidentale. La preuve la plus irréfutable de cette clairvoyance désabusée se trouve du côté du mouvement circulaire de son film, qui s'ouvre et se termine sur des situations très similaires. Sauf qu'entretemps, le personnage principal est définitivement passé dans le camp des exploiteurs, à coups de détermination, d'ambition et de manoeuvres mesquines.
Cette transformation de la nature humaine se passe, comme toujours chez Loach, à travers des choix qui dévoilent, petit à petit, le vrai caractère de ses personnages. L'appât du gain aura ainsi raison des quelques sursauts de charité d'Angie. Et dans le jeu de coudes quotidien, seul le plus déterminé saura s'en sortir. Dans une lutte pour la survie aussi minable, mais hélas de plus en plus abordable dans un monde du travail qui change rapidement et pas forcément pour le mieux, les enjeux émotionnels et humains à proprement parler passent au second plan, au profit d'une course à l'enrichissement dépourvue de la moindre déontologie. Pourtant, Ken Loach ne juge jamais ses personnages et leurs actes plus ou moins glorieux. Il se contente de s'indigner fermement et avec une conviction inébranlable de cet état des faits qui procède au démantèlement douloureux du système social anglais.
Enfin, ce maître du cinéma britannique sait une fois de plus dresser le portrait saisissant d'une femme tiraillée entre ses responsabilités familiales et ses ambitions professionnelles. Kierston Wareing est en effet magnifique, une vraie boule d'énergie et d'agressivité vulnérable, dans ce rôle en or. Son passage de la rebelle contestataire au monstre conformiste a de quoi faire froid dans le dos, surtout parce qu'il reflète crédiblement un état d'esprit de plus en plus prédominant dans le monde du travail que la mondialisation nous réserve dorénavant.

Vu le 14 décembre 2007, au Club de l'Etoile, en VO

Note de Tootpadu: