Un homme est passé

Un homme est passé
Titre original:Un homme est passé
Réalisateur:John Sturges
Sortie:Cinéma
Durée:81 minutes
Date:22 juin 1955
Note:
Le train ne s'est plus arrêté dans la petite bourgade de Black Rock, dans le désert américain, depuis quatre ans. Mais ce matin de l'année 1945, un homme en descend, John J. Macreedy de Los Angeles. Son arrivée imprévue provoque une réaction hostile de la part des habitants, d'autant plus que l'étranger commence à fouiner et à demander des questions compromettantes sur Komako, un fermier japonais qui avait habité à Black Rock avant la guerre.

Critique de Tootpadu

L'emploi du format large CinemaScope a rarement été aussi oppressant que dans ce drame sombre du milieu des années 1950. Puisque l'action s'y réduit assez magistralement à des proférations de menaces et quelques accrochages mineurs, le ton du film puise sa force inquiétante de la mise en scène subtile de John Sturges. Le décor a beau être épique, en plein milieu du désert, pas le moindre plan en tire profit dans l'objectif d'aérer le récit. De l'absence de gros plans, et par conséquent, d'une échelle de plans remarquablement monotone, naît un sentiment d'enfermement mille fois plus impressionnant que la menace réelle qui émane des brutes de la bourgade. Le personnage de Spencer Tracy s'agite en premier lieu dans une cage visuelle, qui renforce sensiblement la paranoïa tout à fait réelle de l'intrigue.
Car le couperet qui allait s'abattre sur la tête de l'étranger, si ce n'était pour un affrontement final et un épilogue trop faciles et trop rapidement expédiés, gagne progressivement en danger. Le niveau de désespoir atteint même temporairement un niveau tout à fait exceptionnel pour une grosse production hollywoodienne. Toutes les issues semblent alors bloquées et la méchanceté abjecte et finalement gratuite des habitants, en vue des enjeux clairs pour tout le monde, en devient presque insupportable. Après, bien entendu, tout s'arrange pas forcément pour le mieux, mais d'une façon suffisamment tordu, qui ne punit réellement que le seul personnage féminin du film, pour préserver tant soit peu le statu quo d'une Amérique face à ses démons, notamment au sommet de la chasse aux communistes à Hollywood.

Revu le 3 décembre 2007, au Mac Mahon, en VO

Note de Tootpadu: