France (La)

France (La)
Titre original:France (La)
Réalisateur:Serge Bozon
Sortie:Cinéma
Durée:102 minutes
Date:21 novembre 2007
Note:
A l'automne 1917, Camille Robin attend avec impatience des nouvelles de son mari, parti au front à quelques kilomètres de son village. Lorsqu'elle reçoit une lettre de lui, qui scelle leur rupture, Camille est anéantie. Elle décide alors de partir à sa recherche, en se faisant passer pour un jeune garçon. A l'écart des routes principales, elle tombe sur une petite troupe de soldats, qui se dirige vers le front et à laquelle elle se joint.

Critique de Tootpadu

Quel film plein d'à-propos en ces temps de commémoration de l'armistice de 1918 ! Sauf que Serge Bozon prend constamment le contre-pied des conventions du film de guerre, pour son troisième film après L'Amitié et Mods. Il n'y a ici ni bataille, ni sentiment héroïque, ni même une condamnation virulente de l'horreur de la guerre. La France s'organise plutôt en mouvements de fuite, en lignes cachées qui avancent en parallèle du théâtre de guerre principal.
Les personnages du film marchent en effet beaucoup pendant le film, jusqu'à l'épuisement, mais sans atteindre leur destination rêvée, cette Atlantide illusoire qui relie les soldats d'une manière insoupçonnée. Pas besoin du titre final trop explicite pour comprendre que la troupe du lieutenant est déjà morte, réduite à l'état de chimère qui erre derrière les lignes du front. En se joignant à ces hommes marqués, Camille embarque également dans un voyage onirique, qui se termine aussi pour elle d'une façon expiatoire et peu probable. D'ailleurs, le regard de Serge Bozon ne porte pas sur la réalité, mais sur une sublimation étrange en temps de guerre, telle l'existence dans une poche temporelle à l'écart de la vie quotidienne.
L'élément qui appuye le plus cette échappée vers le pays des contes est l'apparition inopinée de quatre chansons au cours du récit. Ces parenthèses lyriques auraient plutôt tendance à nous sortir de l'histoire, si ce n'était pour la profonde mélancolie qui les caractérise. Leur anachronisme mesuré opère alors une mise en abîme plutôt astucieuse, qui ne dépasse point les bornes, puisqu'elle se refuse les écarts trop voyants et joyeux, comme la danse par exemple.
Enfin, l'interprétation est plutôt saisissante, notamment de la part de Pascal Greggory, qui campe pour une fois une figure paternelle point vicieuse, et Guillaume Verdier, toujours aussi séduisant et mélancolique.

Vu le 12 novembre 2007, au Club Marbeuf

Note de Tootpadu: