Yeux bandés (Les)

Yeux bandés (Les)
Titre original:Yeux bandés (Les)
Réalisateur:Thomas Lilti
Sortie:Cinéma
Durée:85 minutes
Date:09 janvier 2008
Note:
Théo, un routier installé à Lyon avec sa femme qui attend un enfant, n'en croit pas ses yeux lorsqu'il ouvre le journal. Martin, son ami d'enfance qui avait été élevé dans la même famille d'accueil que lui, vient d'être arrêté pour le viol et le meurtre de plusieurs jeunes femmes dans le Nord. Théo se rend alors immédiatement dans la région de son enfance, dans le but de ne pas abandonner une seconde fois celui avec qui il faisait les quatre-cents coups dans sa jeunesse.

Critique de Tootpadu

Nous avons déjà vu des expositions moins embrouillées, qui entraient dans le vif du sujet d'une façon moins instinctive, mais plus compréhensible. Les premières minutes de ce premier film d'un jeune surdoué avancent en effet par des chocs divers, qui tardent à donner un sens à l'histoire. Un combat de boxe est ainsi suivi d'une scène de crime violente, à laquelle succède un moment de la vie professionnelle des plus banals. En plus, des plans qui contemplent l'architecture industrielle ou les pâtés de maisons de quartiers ouvriers, rythment cette introduction un peu maladroitement, comme pour camper à tout prix le décor particulier du nord de la France.
Une fois ces balbutiements passés et les liens entre les différents fils de l'histoire établis, Les Yeux bandés présente le récit moralement intriguant d'un homme face à son passé, qui fait voler son présent en éclats. Le personnage de Théo y prend la place complexe d'un ami et frère indigne, qui cherche à se racheter contre toute raison. Il se sent impliqué dans le drame qui secoue la petite communauté locale, où l'assassin et le père de la victime se connaissaient, alors qu'il a coupé les ponts avec ce passé auto-destructeur depuis longtemps. En termes universels, cette histoire le met face à l'évidence pénible que l'on ne peut pas toujours racheter ses fautes et ses choix de jeunesse en agissant de façon plus responsable en tant qu'adulte.
La mise en scène solide, en dehors des lacunes évoquées au début, permet surtout aux quatre rôles principaux de briller. Jonathan Zaccaï, imprévisible et agité par une envie féroce de rattraper les conséquences de ses choix du passé, Guillaume Depardieu comme une bête inquiétante, constamment prête à exploser, Lionel Abelanski, bouleversant dans le rôle du père meurtri et Frédérique Meininger dans celui de la mère adoptive, le plus durement affectée par le drame : ils excellent tous parfaitement dans leur emploi et confèrent une réelle intensité humaine au film. Signalons enfin le jeu d'un jeune espoir plutôt prometteur, Baptiste Caillaud, qui interprète Théo adolescent.

Vu le 8 novembre 2007, au Club Marbeuf

Note de Tootpadu: