Un coeur invaincu

Un coeur invaincu
Titre original:Un coeur invaincu
Réalisateur:Michael Winterbottom
Sortie:Cinéma
Durée:108 minutes
Date:19 septembre 2007
Note:
Le 23 janvier 2002, Daniel Pearl, journaliste du Wall Street Journal, est enlevé à Karachi, au Pakistan. Sa femme Mariane, enceinte de six mois, et les forces de l'ordre nationales et américaines cherchent à retrouver sa trace, alors que l'hypothèse d'un enlèvement par des terroristes se concrétise.

Critique de Tootpadu

Parfois, ce n'est pas ce que montre un film qui est le plus intéressant, mais la manière dont il s'emploie à le faire. L'affaire de l'enlèvement de Daniel Pearl est encore suffisamment présente dans la mémoire collective pour se rappeler son dénouement tragique. La finalité du film de Michael Winterbottom n'est par conséquent pas la certitude d'une issue heureuse ou pas pour l'otage. Au contraire, vu que chaque spectateur normalement informé et pas trop jeune connaît déjà la fin, une attention plus méticuleuse peut être dirigée vers la façon dont l'enquête a été menée, et son impact émotionnel sur les participants.
En ces temps de paranoïa omniprésente et d'images et d'idées toutes faites concernant les pays qui sont associés à la menace terroriste, le sujet de ce film américain était prédisposé à attiser les controverses. Le choix du réalisateur dans un contexte toujours aussi brûlant, cinq ans après les faits, a alors été primordial, pour garder Un coeur invaincu en dehors de la sphère tendancieuse des pamphlets sur la suprématie américaine. Et les producteurs du film, dont Brad Pitt le compagnon de l'actrice principale, n'auraient pas pu mieux tomber qu'avec Michael Winterbottom, un cinéaste qui étudie les injustices de notre époque avec un engagement sincère et une hargne esthétique impressionnants.
La nervosité et l'agitation qui caractérisent le film participent ainsi magistralement à son propos. Nombreuses sont les métaphores pour indiquer que la vie continue, encore et toujours, coûte que coûte, et que dans la lutte contre le terrorisme, les méthodes de l'agresseur ne sont guère plus modérées ou justes que celles de la victime. Dans le chaos quotidien d'une ville immense comme Karachi, la quête d'un homme disparu devient forcément déroutante, surtout pour un étranger, propulsé dans une culture qui n'est pas la sienne. L'oeil juste et l'esprit ouvert de Michael Winterbottom garantissent dans de telles circonstances précaires un film foisonnant, qui se refuse à tout raisonnement facile et hâtif.
Le coeur émotionnel de cette histoire déchirante, en dépit de son dénouement connu d'avance, est l'interprétation excellente d'Angelina Jolie. Elle traduit la volonté pacifiste et éclairée de son personnage avec un naturel et une implication qu'on ne lui connaissait pratiquement pas auparavant.

Vu le 8 octobre 2007, à l'UGC Ciné Cité Bercy, Salle 32, en VO

Note de Tootpadu: