Titre original: | Opération diabolique (L') |
Réalisateur: | John Frankenheimer |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 107 minutes |
Date: | 12 avril 1967 |
Note: |
Revu le 30 septembre 2007, en DVD, en VO
Note de Tootpadu:
« Nous sommes transportés dans une autre dimension, une dimension faite de sons, mais aussi d'esprit. Un voyage au bout des ténébres où il n'y a qu'une destination : la Quatrième Dimension »
La quatrième dimension
Du 2 octobre 1959 au 19 juin 1964, une série fantastique s’imposa pour toujours comme l’une des meilleures de l’histoire de la télévision américaine. En pas moins de cent trente-huit épisodes de vingt-cinq minutes et dix-huit de cinquante minutes, la série de Rod Serling Twilight zone marqua la mémoire de nombreux réalisateurs dont Steven Spielberg. Le huitième film du réalisateur John Frankenheimer (Un crime dans la tête, French connection 2, Le monstre, Ronin) s’apparente à un épisode de cette série par son approche fantastique et par la qualité de son scénario (Lewis John Carlino), de son interprétation (Rock Hudson, John Randolph) que de sa superbe photographie et réalisation.
Adapté du roman de David Ely, le film a une dimension morale importante et une fin typique à l’univers créé par Rod Serling. John Frankenheimer signe ici de très loin son meilleur film et bénéficie de la photographie de James Wong Howe et de la musique de l’un des plus grands compositeurs Jerry Goldsmith qui nous livre une atmosphère terriblement inquiétante et réaliste. Brossant le spectateur à contre poil en livrant une vision guère reluisante d’une Amérique d’une froideur glaciale dans laquelle le dollar est roi. Cette histoire d’un homme qui essaye de changer de vie en changeant d’identité et de visage nous renvoie à des questions d’ordre psychologique pour savoir ce qu’est l’homme réellement savoir si c’est son corps qui le représente ou son âme aussi noire et impalpable soit elle. Ce film révolutionnaire pour son époque fut réalisé avant la libération sexuelle et osa montrer des scènes de nue choquantes pour l’époque.
La teneur très paranoïaque du film reposant sur une multitude de faux semblants est accentuée par la photographie et les angles de caméra. A bien regarder le film, on se rend compte à quel point certains réalisateurs actuels tel Darren Aronofsky ont été influencé par certains plans du film (Requiem for a Dream). Le film montre que l’homme n’est jamais également libre de ses choix et que rien n’est jamais gagné. Seulement quatre ans avant Un crime dans la tête, le réalisateur mettait tout son talent à détruire le mythe américain de l’intérieur et faisait de ce film un objet de controverse aiguisé. Rock Hudson qui était à l’époque du film une des plus grandes stars américaines s’est totalement investi dans son rôle. L’échec du film au box-office fut pour lui le signe d’un déclin de carrière inexorable. Il suffit pourtant de regarder la scène où son personnage transformé en un autre homme revient voir son ancienne épouse en prétendant être un ami de son mari défunt pour se rendre compte à quel point la réussite artistique du film lui revient également. Il est tout simplement parfait dans son rôle.
La vision d’une Amérique ayant perdu ses repères moraux fut reprochée longuement au film ainsi que sa fin désespérante et pourtant logique. Avec le temps, on se rend compte que les chefs d’œuvre tel ce film résiste au temps et reste comme de grands moments de cinéma. Ne l’ayant jamais vu, j’avoue avoir totalement adhéré à cette histoire digne d’un des meilleurs épisodes de ma série préférée. Je ne peux que trop vous conseiller de le voir de toute urgence .
Vu le 21 novembre 2013 au Gaumont Opéra Capucines, Salle 02, en VO
Note de Mulder: