Géant

Géant
Titre original:Géant
Réalisateur:George Stevens
Sortie:Cinéma
Durée:193 minutes
Date:13 mars 1957
Note:
Lorsque la jeune et belle Leslie Lynnton, la fille d'une famille fortunée de la côte est, épouse sur un coup de tête le riche fermier texan Jordan Benedict, elle ne se doute pas des conséquences de cette décision sur sa vie. D'abord mal à l'aise sur le terrain texan rude sous tous les rapports, Leslie réussit pourtant à y trouver sa place en s'investissant dans l'amélioration des conditions de vie des travailleurs mexicains. En même temps, son mari s'oppose à Jett Rink, un jeune homme pauvre qui touche le gros lot grâce au pétrole qu'il trouve sur un bout de terre hérité.

Critique de Mulder

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Critique de Tootpadu

Un des genres qui appartiennent définitivement au passé dans notre époque qui a obligatoirement besoin d'un prétexte social pour évoquer l'histoire, c'est la grande épopée sur les étapes décisives qui ont forgé l'Amérique. Comme Autant en emporte le vent, ce film splendide s'intègre parfaitement dans son temps, sans en faire autre chose que le décor d'une intrigue hautement personnelle. Le destin de la famille Benedict, qui n'est qu'en apparence un déclin, parle en premier lieu des espoirs et des déceptions de ses membres. Le tableau épique, autant économique que social, qui se dresse autour d'eux ne perturbe en fin de compte qu'accessoirement les conflits qui animent les personnages.
Et pourtant, Géant est un film particulièrement pauvre en action, qui enchaîne, certes, une multitude d'événements familiaux, mais dont les rares revirements obéissent plutôt aux règles strictes de l'épopée familiale. A y regarder de plus près, tout ce qui se passe pendant trois heures, ce sont des coups presque imperceptibles sur un échiquier sentimental. Les séquences les plus émotionnelles résultent alors des affrontements et des réconciliations entre les deux personnages principaux, qui n'évoluent guère au cours du récit. En raison de cette fermeté des caractères, le film est avant tout un exercice luxueux en constance et des petits indicateurs qui l'entourent. Cette approche prend même parfois des allures minimalistes, lorsque le modus operandi des disputes ne change point.
Décidément, nous avons parfois tendance à croire que l'histoire du film est une entreprise aussi creuse qu'universelle. Bien avant le message final contre le racisme, dont l'innocence était tout à fait dans l'air du temps, les sujets qui préoccupent chaque famille apparaissent clairement, comme le souci de choisir la bonne voie pour ses enfants. Leur traitement est cependant très particulier, à la fois distant et juste, au point de soutenir amplement le long arc narratif du film. A l'opposée de la plupart des épopées interminables, Géant ne se décompose pas non plus au cours de sa dernière heure, en dépit du maquillage perfectible et d'un départ franc de l'opéra de bétail qui caractérisait la première moitié.
L'élément clef qui tient toute cette histoire ensemble, ses poncifs et sa foi en un certain idéal des Etats-Unis qui restera une utopie, c'est la mise en scène détachée et en même temps ferme de George Stevens. Alors que la biographie des Benedict ne devrait être qu'un château de cartes luxueux mais gonflé et artificiellement maintenu, Stevens réussit le tour de magie d'en faire un conte puissant et accessible. Dans son rôle de maître à bord incontestable, il est malgré tout épaulé par une bande originale imposante (surtout au début), une photo soignée et une interprétation excellente. Tandis que Sal Mineo est trop peu de temps à l'écran pour laisser plus qu'une impression très furtive, c'est le jeu du jeune James Dean dans son dernier film qui intrigue. Une rupture dans le style dramatique entre lui et les autres acteurs est flagrante. Mais cette fraîcheur de son interprétation a depuis été récupérée par des imitateurs bien moins fragiles, qui n'en ont pas toujours fait bon usage (Brad Pitt notamment) !

Vu le 25 mai 2006, en DVD, en VO

Note de Tootpadu: