Bobby Deerfield

Bobby Deerfield
Titre original:Bobby Deerfield
Réalisateur:Sydney Pollack
Sortie:Cinéma
Durée:123 minutes
Date:16 novembre 1977
Note:
Bobby Deerfield est un des meilleurs coureurs de Formule 1. Après la mort accidentelle de son co-équipier Bertrand Modave, il se pose cependant des questions sur la fiabilité de sa voiture. En attendant l'expertise, il part en Suisse pour rendre visite à Karl Holtzmann, un autre coureur gravement blessé dans l'accident. A l'hôpital, Deerfield rencontre Lillian Morelli, une patiente dont le franc-parler le déconcerte. Le lendemain, elle lui demande de l'emmener avec lui.

Critique de Tootpadu

Une histoire d'amour hautement atypique subit un traitement qui ne l'est pas moins dans ce beau film introspectif. Si ce n'était pour la mise en scène délicate de Sydney Pollack, le ton du film aurait très bien pu tomber dans la prétention artificielle la moins crédible possible. Au lieu d'exploiter la maladie et tous ses poncifs écoeurants, le film observe le choc entre deux caractères diamétralement opposés. Comme dans la plupart des films les plus intelligents, c'est le chemin qui importe ici et non pas la fin de toute façon inéluctable, négociée en toute simplicité avec un fondu au blanc.
Tout oppose en effet les deux personnages principaux, qui vont néanmoins se retrouver, le temps de quelques moments marqués par l'instabilité de leur relation. L'attitude de Bobby et de Lillian trahit cependant une grande fragilité qu'ils tentent de cacher chacun à sa manière. La distance émotionnelle du coureur et la franchise carrément maniaque de la malade vont se complémenter à merveille. Les deux amoureux n'ont pas grand-chose en commun, mais c'est justement cette opposition exacerbée qui va les rapprocher. Il en résulte une étude de caractère fascinante, qui sonde plus subtilement qu'il ne paraît notre rapport à la mort et à la vie.
Le comportement des personnages quitte ainsi régulièrement la route balisée des conventions de la fiction. Des moments incongrus et frais naissent de cette volonté d'expérimenter, comme la traversée du tunnel, un symbole emblématique qui traduit la progression de Bobby à trois instants marquants, ou la magnifique montée en montgolfière.
Al Pacino et surtout Marthe Keller excellent dans l'interprétation de leurs personnages pas comme les autres. La musique de Dave Grusin balance adroitement entre les hauts et les bas émotionnels d'une histoire qui en connaît beaucoup. Et le placement des produits dans le cadre de fausses pubs fait autant sourire que la description du monde de la Formule 1, très loin du perfectionnisme et de l'ultra-professionnalisme de nos jours.

Revu le 28 septembre 2007, à la Cinémathèque Française, Salle Henri Langlois, en VO

Note de Tootpadu: