Never forever

Never forever
Titre original:Never forever
Réalisateur:Gina Kim
Sortie:Cinéma
Durée:101 minutes
Date:24 octobre 2007
Note:
Après la mort du père de son mari Andrew, d'origine coréenne, Sophie sent ce dernier encore plus abattu que d'habitude. Elle espère lui redonner de l'espoir en insistant d'avoir un enfant. Mais Andrew est pratiquement incapable d'en procréer. A la clinique, Sophie croise Jihah, un immigré clandestin dont les dons de sperme sont refusés à cause de sa situation irrégulière. A l'insu d'Andrew, elle suit Jihah et lui propose de le payer pour qu'il l'aide à tomber enceinte.

Critique de Tootpadu

Les origines des personnages jouent curieusement un rôle mineur dans ce film sur un couple mixte. Nous sommes évidemment loin de l'époque du sermonneur Devine qui vient dîner .... Mais l'appartenance des deux personnages masculins à la minorité coréenne ne revêt pas une importance exceptionnelle en termes scénaristiques. Est-ce que l'intrigue serait différente avec un couple de même race, mais confronté aux mêmes pressions sociales, notamment d'origine religieuse ? L'existence de Sophie est en effet marquée par l'isolement et la dépendance : des situations qui découlent principalement du fait d'être étranger à la langue et aux rites chrétiens de la famille de son mari. Toutefois, si quelques aspects de ce drame conjugal avaient été changés, il ne serait pas certain que son cours ait changé pour autant.
La trame du film est en effet assez classique, avec l'adultère de circonstance, entrepris initialement pour renforcer le couple légitime, qui se transforme en romance, dès que son cadre mécanique est dépassé pour quelque chose de plus personnel. Le personnage de Sophie en est le centre fragile et touchant, une femme en position d'abnégation envers son mari et sa famille, qui souhaite tellement le rendre heureux qu'elle en oublie son propre bien-être mental. Vera Farmiga brille une fois de plus dans ce rôle, dans ses moments les plus éprouvants (la reconnaissance de son incapacité d'aider Andrew) et les plus apaisants aussi (la fin agréablement ouverte).
Les deux dernières séquences du film, qui épouse peut-être un peu trop docilement les conventions du cinéma indépendant de New York en termes formels, révèlent d'ailleurs deux pistes de réflexion plutôt inattendues. Et si tout le parcours de Sophie, de la femme volontairement soumise à une façon d'être plus affirmée, n'était qu'un cheminement spirituel, qui culmine dans sa capacité de pouvoir enfin prier, ne serait-ce que dans une situation de tension extrême ? Une observation encore plus recherchée s'appuie sur la présence de petits poissons, égarés dans une flaque d'eau et séparés de la mer. Dans un film tellement préoccupé par la vitesse des spermatozoïdes, cette image doit forcément interpeller. Comme si la lutte de Sophie consistait à frayer le chemin ou à rendre la vie à cette manifestation embryonnaire de celle-ci.

Vu le 27 septembre 2007, à la Salle Pathé Lincoln, en VO

Note de Tootpadu: