A vif

A vif
Titre original:A vif
Réalisateur:Neil Jordan
Sortie:Cinéma
Durée:122 minutes
Date:26 septembre 2007
Note:
Erica Bain, une animatrice de radio à New York, et son copain David Kirmani, un médecin, préparent fébrilement leur mariage, lorsqu'ils tombent victimes d'une agression violente près de Central Park. Erica reste dans le coma pendant trois semaines. A son réveil, elle doit apprendre que David a succombé à ses blessures. Traumatisée, elle n'ose plus sortir de chez elle et se procure une arme pour se sentir, tant soit peu, en sécurité. Face à l'inertie de la police, elle décide finalement de prendre la justice dans ses propres mains.

Critique de Tootpadu

La justice est aussi absente de ce drame moralement indigeste que la justesse du ton. Neil Jordan n'arrête en effet pas de s'emmêler les pinceaux, dès le générique trop flou, au propre comme au figuré. Il ne réussit que très rarement à trouver une forme juste pour exprimer la désolation profonde de son personnage principal. Pour chaque confrontation poignante au restaurant entre Erica et l'inspecteur Mercer, le réalisateur cède de nombreuses fois aux symboles les plus banals et agaçants possibles. Son style, la plupart du temps sans finesse, s'abat ainsi sans ménagement, sous la forme de plans obliques dès que la situation dégénère, ou de retours en arrière voyants pour évoquer la relation du couple anéanti uniquement en termes sexuels.
La faiblesse simplement inadmissible du film relève cependant du scénario, d'une tendance réactionnaire méprisable. Même s'il prétend être au-dessus d'une telle philosophie manichéenne, A vif s'applique fermement à une distinction hâtive et préoccupante entre le bien et le mal. D'abord, en choisissant des cibles si caricaturaux dans leur identité sociale et, hélas, raciale, que la croisade d'Erica devient aussi manipulatrice que celle du personnage interprété par Michael Douglas dans Chute libre. Et puis, en donnant sa bénédiction à la loi sauvage pratiquée par cette réincarnation au féminin de Charles Bronson, faute de mise en question sérieuse. Ce sont d'ailleurs les tentatives maladroites d'Erica de se dénoncer qui sonnent le plus faux, à l'exception du dénouement risible, consternant ou, en somme, abominable dans sa stupidité scénaristique.
Avec un scénario et une mise en scène aussi peu reluisants, l'interprétation souffre forcément. Jodie Foster demeure plutôt inégale, avec quelques moments regrettables d'une hilarité involontaire, notamment lorsqu'elle se fait ramasser, un soir de massacre, par sa voisine, dans la cage d'escalier. Les rôles de comparses restent ennuyeusement anecdotiques, entre un Nicky Katt aux remarques désabusées forcées, une Mary Steenburgen sans profondeur et un Naveen Andrews trop peu de temps à l'écran pour laisser une trace quelconque. Au milieu de tant de médiocrité pas forcément intentionnelle, Terrence Howard surprend agréablement par son sérieux et son intensité, qui ne survivent cependant pas au dernier revirement improbable.

Vu le 17 septembre 2007, à la Salle Warner, en VO

Note de Tootpadu: