Darling

Darling
Titre original:Darling
Réalisateur:Christine Carrière
Sortie:Cinéma
Durée:93 minutes
Date:07 novembre 2007
Note:
Depuis qu'elle était toute petite, il n'arrive que des merdes à Catherine, la fille plutôt moche de paysans normands. Avant même de naître, elle a causé la cohue sur une foire de bovins, et la première fois qu'elle est allé à l'église, le curé est mort d'une crise cardiaque. Son rêve est de partir loin de son univers morose, à bord d'un de ses camions qui passent sans cesse sur la route nationale devant la ferme. Pour rentrer en contact avec les routards, elle achète une radio C.B. et offre son aide sous le nom de code "Darling".

Critique de Tootpadu

Les tragédies d'une vie ingrate font d'habitude plus pleurer que rire. Mais certains des événements racontés dans cette biographie populaire sont si grotesques qu'ils relèvent d'un humour étrangement décalé. Le ton de la première partie du film entreprend ainsi un acte d'équilibriste périlleux. Le sort de Darling est truffé d'incidents insolites, qui prennent une tournure comique du point de vue de la principale intéressée. La naïveté désabusée avec laquelle le personnage principal revient sur sa vie mouvementée rend à cette dernière un tout petit peu de dignité. Et c'est surtout son rapport décomplexé à la sexualité qui garantit des moments d'une hilarité insoupçonnée (la course dans le brouillard en short trop serré notamment).
Et puis, les occasions pour admirer la lecture résignée mais optimiste d'une existence désastreuse commencent à se faire rares. La lutte finale de la mère pour regagner la garde de ses enfants n'a ainsi plus rien de marrant. Elle s'inscrit davantage dans le genre des drames sociaux moroses, sauf qu'elle ne dispose plus du temps nécessaires pour nous permettre un investissement émotionnel fort. Ce changement de ton, parallèle à un regain de volonté de la héroïne qui s'est désormais résolue à ne plus se laisser faire, pousse le film encore un peu plus vers le terrain de l'inégalité. Alors que l'on ne savait déjà pas trop quoi penser de cette comédie tragique au début, cette gravité finale sans trop d'ambiguïté parfait notre incertitude.
Enfin, la participation de Marina Foïs dans le rôle titre a beau correspondre aux voeux de la femme à l'origine de l'histoire, qui souhaitait tant être belle ne serait-ce qu'une fois, son apparence plutôt plaisante dément en quelque sorte le propos du film. Il aurait fallu sans doute une actrice beaucoup plus laide, afin de traduire plus fidèlement le malaise existentiel de cette pauvre femme. Mais la dimension comique du récit aurait certainement pris un coup, si cette fidélité envers la réalité avait été appliquée.

Vu le 10 septembre 2007, à la Salle Gaumont - Louis Feuillade

Note de Tootpadu: