This is England

This is England
Titre original:This is England
Réalisateur:Shane Meadows
Sortie:Cinéma
Durée:98 minutes
Date:10 octobre 2007
Note:
Angleterre, 1983. Le jeune Shaun, dont le père a été tué pendant la guerre des Malouines, se fait régulièrement chambrer à l'école. Il est alors ravi de rejoindre la bande de Woody, un garçon plus âgé. Mais l'insouciance de l'été en compagnie de Woody, de Milky et de Smell, prend un virage sérieux lorsque Combo, un ami du meneur du groupe, sort de prison. Un skinhead convaincu de la suprématie du peuple anglais, Combo veut s'engager dans la lutte de l'extrême droite. Shaun ne manquera pas d'être impressioné et espère donner un sens à la disparition de son père en défendant des valeurs nationalistes.

Critique de Tootpadu

La plongée dans les années 1980 est immédiate et presque violente dans ce film britannique. Il suffit d'un générique savamment orchestré avec des images d'archives, pour nous rappeler cette décennie, tant ridiculisée pour sa mode extravagante. Une fois le cadre historique campé, Shane Meadows nous met face à des sujets d'un ordre plus universel, comme la peur de grandir, la solitude et la quête d'un idéal. Le passage précoce à l'âge adulte ne se fait guère en douceur pour le jeune héros du film, qui s'investit dans le milieu le plus démagogue, mais aussi le plus dangereux : celui de l'extrême droite.
Le réalisateur, qui avait lui-même fréquenté des skinheads dans sa jeunesse, en dresse un portrait plutôt juste. Le point de vue de l'enfant permet d'en dévoiler les failles, qui dépassent dans leur virilité teintée de nationalisme primaire, voire raciste, la simple menace d'une explosion de violence gratuite. Et pourtant, Meadows n'en occulte pas l'attrait indéniable pour quiconque éprouve le besoin maladif d'exprimer sa superiorité par la force. L'engagement du garçon sans père est triste, mais il correspond de façon crédible à la nécessité de se trouver des amis imposants, qui mettent en valeur pour des raisons idéologiques mal intentionnées.
Le regard équivoque du réalisateur permet un maniement impressionnant de la tension au sein du récit. A chaque instant, le jeu peut basculer dans la violence et les amis peuvent se dévoiler comme des dégonflés ou des psychopathes. Que Shaun s'en sort en fin de compte, en dépit d'une mère dont le laxisme laisse pantois, et d'un cercle d'amis de plus en plus instable, relève alors du miracle. Même si les zones d'ombres restent importantes à la fin du film.
L'interprétation transcende la mise en scène adroite pour insister sur l'aspect humain de l'histoire. Outre le jeune Thomas Turgoose dans le rôle principal, à mi-chemin entre l'enfance et l'âge adulte, ce sont surtout Stephen Graham, comme le meneur charismatique et imprévisible des nationalistes, et Jo Hartley, comme la mère désemparée, qui excellent.

Vu le 27 août 2007, au Balzac, Salle 2, en VO

Note de Tootpadu: